J’ai eu honte, honte d’être divorcée.
Si cette décision était nécessaire pour moi et si aujourd’hui je sais que c’était et que c’est pour le mieux, il y a 3 mois, j’avais toujours le goût amer de l’échec… 2 ans et demi après.
Formatée par une famille sans séparation, entourée d’amis mariés, je ne trouvais plus ma place. J’avais beau savoir au fond de moi que cette décision était juste, ce statut a été dur à assumer.
« On reste ».
Voilà ce que j’ai appris ou compris en grandissant. Coûte que coûte. On est marié pour la vie. On ne se pose pas la question. On reste. On tient. Le mariage n’est pas un long fleuve tranquille, c’est comme ça.
Alors avec cette croyance si ancrée et en ayant choisi de partir, j’ai eu l’impression d’avoir baissé les bras. D’avoir renoncer. D’avoir été lâche. D’avoir préféré fuir.
J’entendais quand on me disait que pourtant « ça demande du courage ». Surtout de partir pour personne. Et je le savais au fond. Et puis, quand même, c’était encore bien ancré dans ma peau « qu’on reste ». Qu’on doit rester.
Et je le vois autour de moi. Je vois ces couples. Je vois ceux qui essaient et y arrivent et je vois ceux qui se résignent. Chacun son histoire, chacun son chemin.
Dans les statistiques, on lit : 80% de couples malheureux. Et qui donnent 50% de divorces et 30% qui restent et se résignent.
J’ai essayé, j’ai tout tenté et oui à un moment j’ai juste dû me rendre à l’évidence. Cet amour si fort à 20 ans n’était plus là. Trop de divergences. Trop d’écarts. Une personne exceptionnelle mais plus la bonne.
Trop de colère, trop de cris, trop de rancœur en moi. A m’en détester. A ne plus me reconnaître.
Il aura fallu que attendre 2 ans pour que nous lancions les procédures. C’est long et dur, C’était long et dur pour moi. La fin d’une étape. La fin d’une vie. Nous avons signé le jour de mon anniversaire, juste après noël. Beau cadeau? J’ai trouvé le sort moyen drôle sur ce coup là! J’en ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Une fois de plus.
Ce n’était pas la décision qui était dure, ou remise en question. C’était cette vie dans laquelle j’ai basculée, volontairement, mais qui est à l’opposé de mes rêves de petite fille.
Du prince charmant qui sauve la princesse. De l’amour pour toujours. De la famille unie formidable sans jamais une ombre au tableau avec des enfants parfaits qu’on voit tous les jours! Nous fait-on croire ça ou l’ai-je inventé ?
J’ai fuit, longtemps, après la séparation, pour ne pas ressentir ce trou béant, ces questions sans réponse. Pour ne pas voir, pour ne pas sentir. Pour être forte.
Et au final, j’ai fini par regarder les choses et les douleurs en face, et le deuil c’est enfin fait.
J’ai digéré et accepté la situation.
Juste pour ce qu’elle est: UN NOUVEAU DÉPART.
J’ai compris que chaque jour on apprend, que chaque jour on avance. Que les rencontres nous font grandir même si elles amènent parfois leur lot de douleur. Dans chaque situation, il y a une leçon.
Quand je vais bien, je le sais: Tout ce qui arrive est nécessaire. Il y a encore 3 mois, je sentais juste ce poids immense de la solitude et la peur au ventre de ne pas connaître ce que sera la suite. On sait aujourd’hui que le cerveau préfère l’inconfortable connu à l’inconnu. C’est d’ailleurs bien pour ça que l’on reste longtemps en couple même quand cela ne va plus.
Pour ça aussi qu’en 2 ans et demi je me suis lancée une foule de défis personnels. Pour élargir ma zone de confort. Pour grandir et pour être libre. Pour oser être moi et choisir en conscience. Et ça marche!
Même si ce rêve de la famille unie me faisait encore mal par moment il y a quelques mois, je sais qu’aujourd’hui, je suis plus à ma place et plus heureuse et la douleur n’est plus là. Mon deuil est fini. Enfin, je peux assumer ce choix, cette nouvelle vie. Je suis enfin libre de mon passé. Libre d’avancer dans cette nouvelle vie.
Parce que divorcer, ce n’est pas arrêter de croire au couple.
Ni arrêter de rêver à cet homme qui sera drôle, spontané, et qui m’aidera à reposer mon cerveau quand je panique. Et je crois en cette famille formidable, recomposée, unie et bruyante certainement! Cette famille à mon image, à notre image. Une famille choisie et construite avec des adultes ayant conscience de ce chemin parcouru et des embûches dépassées et de celles à venir. Des adultes qui se connaissent bien eux mêmes et qui se respectent dans leurs différences, avec des valeurs communes. Des adultes déjà parents et qui savent que le couple se nourrit et s’entretient chaque jour.
Seul, c’est facile. Il n’y a aucun danger. Partager, s’ouvrir de nouveau, refaire confiance est bien plus dur.
Aujourd’hui, je me suis largement prouvée que je sais faire seule, j’ai juste envie de faire à 2. Je n’ai pas besoin de l’autre, je choisis de lui faire une place dans ma vie déjà bien remplie. Toute la nuance est là et cette nuance permet de faire les bons choix.
Aujourd’hui, le deuil est fait. 2 ans et 10 mois plus tard. C’est le temps de déconstruction qu’il m’aura fallu pour clore un chapitre et pouvoir ouvrir une nouvelle page.
Stéphanie Saincy.