Divorcer et apprivoiser la solitude.

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Tu as pris la décision douloureuse de divorcer, de rompre avec le schéma familial classique car la situation ne t’allait plus. Car tu n’étais pas heureuse comme ça. Tu as osé prendre le risque de te tromper ou bien de finir seule. Tu as osé te faire passer en premier et sortir de la culpabilité de faire mal à l’autre et de ne pas offrir une famille unie à tes enfants. Tu savais qu’il fallait le faire et tu n’avais pas prévu toutes les étapes d’après.

Tu as pleuré plus de fois que tu ne peux les compter, dans cette maison vide. Dans cette maison sans elles. Tu as trouvé la force de rebondir et tu as aussi réalisé qu’il te manquait un ancrage. Un ancrage que tu croyais avoir avant mais qui était extérieur à toi. Et aujourd’hui, tu dois le construire à l’intérieur de toi. Une sécurité. Ta sécurité de base.

Tu le sais, tu le prônes, c’est important d’être heureux seul pour être heureux ensuite avec l’autre.

Tu le sais, et tu l’es globalement, mais le mettre en application est plus difficile par moment. Chaque jour tu grandis, chaque jour tu apprends à faire seule et à sortir de ta zone de confort. Tu gagnes en confiance, tu te reconstruis et tu fais le deuil. Et puis tu réalises aussi que tu fuis, tu fuis ce vide, cette maison et son silence. Trop d’activités, trop de monde autour de toi, tout le temps. Trop de quantité et parfois au détriment de la qualité. Parfois tu es fatiguée et tu veux juste te reposer, alors tu bulles chez toi et finalement tu crois faire une pause mais tu fais toujours quelque chose. Tu te jettes à corps perdu dans le boulot, dans la lecture, la musique, les activités, les démarches. Il faut dire que cette envie de vivre est forte, cette envie d’avancer et d’avoir enfin cette vie heureuse dont tu rêves. Tu t’en donnes les moyens et comme d’habitude, tu mets la barre haute. Exigeante et excessive comme souvent. L’inactivité pourquoi faire? Prends-tu le temps de te poser? De te poser les bonnes questions? Celles qui font mal, celles que tu fuis en étant toujours occupée. Sais-tu seulement où tu veux aller? Tu réfléchis beaucoup et tu te poses mille questions. Mais laisses-tu le temps venir t’apporter les réponses?

Quand tu es partie tu as pris la mesure de ce qui te faisait le plus peur, finir seule et pourtant c’est pas toujours simple. Tu préfères être seule que malheureuse certes et tout le monde trouve cela courageux, mais mesurent-ils les efforts que cela demande de reconstruire une vie? C’est dur, mais la réponse pure est simple, c’est non. Alors tu te sens seule. Et tu sais que c’est normal parce que tant que l’on n’a pas vécu ces choses, on ne peut pas les comprendre. Et ça ne fait qu’augmenter le sentiment de solitude que tu ressens.

Mais tu es forte, tu fais tellement de choses, tu le sais et puis tu rêves aussi juste de poser ta tête sur l’épaule de quelqu’un et de dire que c’est dur. Mais comme tu t’es construite sur des croyances limitantes, tu as du mal. Tu te rends compte que finalement c’est dur de faire confiance, dur de s’ouvrir. Tu te sens seule mais tu gardes les gens à distance. Non pas parce que ton cœur est fermé mais parce qu’il a peur d’avoir mal. Parce qu’il est trop sensible. Parce que même si c’est dur d’être seule, ça semble parfois plus simple. Seule, tu as encore la force de l’être, mais avoir mal, se tromper, souffrir, rebondir, faire confiance…?

Et comme tu as peur, tes exigences sont énormes. Tu alternes entre le chaud et le froid, par manque de sécurité intérieure.

Tu es une rêveuse de conte de fées. Une âme sensible et fragile qui rêve de bonheur simple, calme, léger, une évidence. Et chacun arrive avec ses blessures. Alors tu te protèges quand il faudrait pourtant ouvrir ton cœur mais tu as peur. Tu donnes énormément et tu te protèges tout autant. Un pas en avant, deux pas en arrière. Tu as peur de déranger, peur de trop attendre, peur de demander… peur de ne pas être aimée. Tout simplement.

Et pourtant tu sais que cela doit commencer par l’amour que tu te donnes. Et parfois tu te trouves géniale, faut pas exagérer, tu es super quand même. Ton besoin d’être aimée est énorme et tu fais tout pour rire et sourire, pour que le soleil qui est en toi illumine les autres. Alors tout le monde croit que ça va toujours super bien, que tu es forte et pour ça, tu forces le respect. Et puis au fond tu as peur. Peur qu’on s’approche, non pas par manque d’amour mais par peur que ça s’arrête, alors tu te protèges. Tu veux faire seule pour ne pas être déçue. Pour ne pas avoir mal, et tu as mal quand même. Tu voudrais des certitudes et des ancrages forts.

Alors tu reprends du temps pour toi, pour calmer ta petite fille intérieure qui panique. Cette petite fille qui cherche encore le soutien et l’amour inconditionnel de ses parents. Aujourd’hui, c’est à toi de t’aimer à la hauteur des preuves d’amour qui t’ont manqué. Et tu sais que ce sont bien les preuves et non l’amour qui a manqué. Aujourd’hui, c’est à toi de te faire du bien. Le reste n’est que la cerise sur le gâteau. Tu le sais et tu y travailles et parfois tu pleures encore de ne pas y être.

Demain est un autre jour et tu avances chaque jour. Sois en sûre. Rassure toi et fais confiance. Il y a des personnes formidables qui t’aiment, fais leur confiance et repose toi sur ça. Et parle, dis leur combien tu as mal, pose tes questions. Ose demander ce qui te fait du bien. Personne ne peut deviner. Tu as le droit d’exister.

Pleure ma belle si tu en as besoin. Évacue et repose toi. Prend soin de toi. Fais confiance à la vie et tout ira bien.

Stéphanie Saincy.

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