Quand nous faisons le choix d’une éducation différente, qui prend en compte l’enfant dans sa globalité, où l’on respecte l’enfant pour qui il est et pour où il en est, souvent l’entourage nous renvoie que nous en faisons des enfants rois.
Ils sous-entendent que nous nous laissons marcher sur les pieds.
Fiction ou réalité?
Et si nous reprenions à la base pour discuter calmement de cette croyance très forte. La majorité des parents a envie de bien faire. Nous sommes souvent tous convaincus de faire le meilleur pour nos enfants et voir les divergences autour, peut nous déstabiliser. Chaque parent arrive avec son histoire et ses blessures et chacun fait comme il peut à ce moment là.
Commençons par le début, il existe 4 types d’éducation:
L’éducation AUTORITAIRE:
Celle que la plupart d’entre nous connaissons et avons reçu. Elle utilise beaucoup d’obligations et d’interdits. Le cadre est très strict et les enfants ont peu de marche de manœuvre. Le cadre est rassurant pour l’enfant car il donne des repères fixes, mais à être trop rigide, il étouffe l’enfant qui perd sa spontanéité. Le but est l’obéissance et les enfants possèdent peu de choix. Il s’agit d’un système alliant punitions et récompenses. L’enfant n’ayant pas son mot à dire, il n’a pas accès à ses émotions puisqu’elles dérangent. Il se coupe de son ressenti et finit par être un enfant docile, un enfant modèle, « bien élevé ». L’enfant qui fait toujours ce qu’on lui dit, sera influençable. A l’inverse, si l’enfant trouve la ressource, il pourra se rebeller et faire tout pour exister. Il va se construire contre le parent, ou capituler… Le parent pense que l’amour passe par le cadre essentiellement et en oublie souvent les marques d’affection. Le parent se place en supériorité par rapport à l’enfant. Le parent sait, l’enfant fait. Le parent contrôle l’enfant. Il s’agit de soumission. Le but est d’obéir. L’objectif est à court terme, l’enfant doit faire ce qui est demandé dans l’instant, sans faire appel à son jugement. A long terme, l’enfant manquera de connaissance de lui et donc de confiance en lui.
L’éducation PERMISSIVE / LAXISTE:
L’enfant n’a pas de cadre. L’enfant est maître à bord, toutes ses exigences sont assouvies. Le parent est surprotecteur, et tente d’éviter à son enfant de vivre les aléas de la vie et les émotions négatives. Il ne supporte pas de voir son enfant contrarié et souffrir. Ainsi, en empêchant son enfant d’être confronté à la frustration, la colère, la tristesse ou la peur, il en fera un enfant anxieux, ne sachant pas gérer ses émotions. A trop le couver, le parent l’empêche de faire face à ses émotions et l’enfant ne saura donc pas qu’une émotion est transitoire et qu’elle se dépasse. Le parent donne beaucoup d’amour, trop, et étouffe l’enfant. Le parent donne trop de place à l’enfant qu’il place au dessus de lui. Le parent s’oublie au profit de l’enfant. L’enfant sera en insécurité constante face à ce manque de cadre. L’enfant demande/exige et le parent fait. Là aussi les objectifs sont à court terme: Eviter tout inconfort à l’enfant et répondre à tous ses désirs. L’enfant n’aura pas non plus confiance en lui puisqu’il n’aura pas appris à gérer ses émotions ni à faire seul.
L’éducation NÉGLIGENTE:
Là non plus il n’y a pas de cadre. L’enfant est livré à lui même. Le parent s’en désintéresse et n’exprime rien. L’enfant ne reçoit ni affection, ni exigence. C’est le cas extrême de l’indifférence. L’enfant n’a aucune prise et aucun lien avec son parent. Il est seul. Autant dire que pour la construction et l’estime de soi, il n’a pas beaucoup de leviers auxquels se raccrocher!
L’éducation POSITIVE ou BIENVEILLANTE:
C’est une alliance des 2 premiers. Le cadre est posé et respecté. Les marques d’affections sont présentes et fréquentes mais n’étouffent pas l’enfant. Chacun est libre d’être qui il est, tant que le respect mutuel est présent. Il existe des impératifs et des marges de négociations. L’enfant et le parent sont sur un pied d’égalité. L’enfant a le droit de se tourner vers le parent pour se recharger en amour et d’aller vers l’extérieur pour explorer. Il s’agit d’un système coopératif et d’autodiscipline, faisant la place à la responsabilisation de l’enfant plutôt qu’à la prise de pouvoir sur lui. Il n’y a pas de sanction ni de récompense. Les émotions de l’enfant sont entendues, et il apprend à les dépasser. Ce qui signifie que même si l’enfant souhaite bien faire, il ne peut pas toujours et ses émotions peuvent déborder. Il est apprentissage et le parent en est conscient. Le niveau d’exigences du parent prend en compte l’âge de l’enfant et ses besoins. Le parent est conscient et l’enfant est responsabilisé. L’enfant est épanouit car respecté ET encadré. Le parent et l’enfant apprennent et grandissent ensemble en prenant en compte l’autre. Il s’agit d’une éducation à long terme. Les qualités propres à l’enfant seront la connaissance de soi, et du coup la confiance en soi. En développant son autonomie, il acquiert aussi de l’estime personnelle.
Cela ne veut pas dire que les enfants élevés dans la bienveillance font bien tout le temps ou qu’ils sont des enfants modèles. Loin de là! Ils font comme ils peuvent, là où ils en sont. Chaque enfant a envie de bien faire, les enfants ne sont pas à mater, ils sont bons par nature!
Tout l’art du parent bienveillant est d’offrir le cadre et la sécurité par un amour inconditionnel pour que le potentiel de l’enfant se développe. Et pour ça, l’adulte donne toute sa confiance à l’enfant pour bien faire, il va croire en lui et l’encourager.
Les enfants ne font pas mal, ils sont en construction et avant 6 ans, ils n’ont aucun accès à leur néocortex qui leur permettrait de gérer leurs « crises ». Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas bien faire, mais qu’ils ne peuvent pas. Ce n’est pas une histoire de serrage de vis, mais de capacité biologique. A partir de 6 ans, l’enfant COMMENCE seulement à pouvoir gérer ses émotions. Son cerveau va maturer jusqu’à 25 ans. Cette éducation, est basée sur la communication et donc ces enfants qui sont écoutés, parlent, et râlent et pleurent et crient. Ils ne sont mal élevés, ce sont des enfants! Avec tous les héritages de l’éducation stricte, nous en avons oublié ce qu’est un enfant. Et en tant que parent, nous avons tous peurs d’être jugés sur nos compétences! Et je pense encore plus avec ce chemin de la bienveillance. Comme si, à remettre le système établi en question, nous devions faire mieux, prouver que nos enfants seront et feront « mieux ». Oui mais non, la grande différence c’est que cette éducation vise le long terme et en plus elle vise à respecter l’enfant pour qu’il acquiert des « qualités » qui sont difficilement quantifiables. Le but n’est pas un métier, un salaire, une ou plusieurs maisons. Le but c’est d’en faire des adultes heureux et épanouis. Comment mesurer ça?
L’autre grande difficulté, c’est là où nous en sommes en tant que parent. Avoir l’idéal de la bienveillance, c’est chouette, sauf que lorsque l’on a reçu autre chose, c’est compliqué par moment (souvent?!). Se remettre en question, douter, tâtonner, tester, rater, recommencer, se décourager, être fiers aussi, ça fait beaucoup. Quand le système est à changer et en changement, les certitudes de la théorie ont beau être là, la pratique n’est pas innée! Elle demande de recréer des mécanismes, et cela prend du temps. C’est pour ça que nous sommes tous souvent entre 2 systèmes: Bienveillance et laxisme, ou bienveillance et autorité.. Mon cœur balance, et la fatigue n’aide pas.
Nos enfants sont en apprentissage et nous aussi, nous déconstruisons ce que nous avons reçu et nous nous construisons en tant que parent. Normal que ce soit épuisant!! Et si pour une fois, nous étions vraiment soutenus? Si pour une fois, on trouvait une oreille qui écoute et qui ne juge pas nos choix? Un soutien qui nous encourage!
Ce que vous tentez de faire, avec votre histoire, avec votre fatigue, c’est beau!
Nous essayons d’offrir ce qui nous manque à nos enfants. Et pour ça, nous nous réparons au passage. Cela demande du courage et de la force d’écouter nos enfants. Ainsi qu’une grande patience pour les accompagner sans rapport de force en visant l’avenir quand parfois les résultats à court terme ne sont pas si visibles.
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On chemine ensemble.
Stéphanie Saincy.