
Et puis un jour, les enfants parlent. Un jour, ils commencent à nous dire. Et nous oublions aussi le non verbal. Et quand ils grandissent encore, en prenant le temps de les regarder, leur corps, leur attitude, nous disent toujours. C’est ainsi que si nous doutons, nous pouvons avoir la confirmation de ce que l’on ressent. En ce moment, Melle 2 ans, avec l’accident sûrement et avec sa phase d’affirmation prend beaucoup de place. Je sens chez Melle 5 ans que ça la titille, elle ne va pas toujours mettre en mots, mais son comportement vis à vis de moi ou de sa sœur est un bon indicateur. Et puis maintenant qu’elle a des mots, je demande le soir comment elle se sent. Et c’est pour moi une étape plus dure que de décrypter le corps. Parler à l’âme. Dire à voix haute ce qui se vit tout bas. Poser la question, tâtonner, la laisser parler, sans influencer, raconter ses joies et aussi des peines. Je sais que faire le point avec elle permet de mettre des mots sur les accrochages de la journée. cela m’aide à l’accompagner au mieux et à mettre des mots sur les maux. À donner une explication, un sens à un acte, à lever les non-dits et les interprétations hasardeuses qu’elle peut se faire dans sa tête. Et dans son cœur aussi. Cette étape nous rapproche à chaque fois et pourtant quand je lui pose la question j’ai toujours une appréhension. Comme si elle allait me dire que je suis nulle, que je me trompe, que je ne fais pas assez bien pour elle. Et pourtant ce n’est jamais ce qu’elle dit même si elle peut avoir le sentiment parfois de passer après sa sœur. Elle me dit qu’elle est triste bien sur mais surtout combien elle m’aime. C’est elle qu’elle remet en question et non moi. Les parents sont sacrés pour l’enfant, leur point de repère, dans leur tête ils ne peuvent pas mal faire, alors forcément ils en déduisent que ce sont eux qui font mal, qui ne mérite notre amour, ou qu’ils méritent nos colères. On discute et je sais qu’elle comprend. Les enfants ont cette capacité magique de nous aimer et de nous pardonner ce que nous ne nous pardonnons pas toujours. Avec ses yeux plein d’amour pour moi, la seule chose sur laquelle elle a besoin d’être rassurée, c’est que je l’aime. Et nos moments à nous, collées dans son petit lit, à nous raconter nos journées c’est ça. La plus belle déclaration qu’on puisse se faire. Les yeux dans les yeux, si proches et nos coeurs ouverts. On se rappelle combien on s’aime et combien on fait de notre mieux.
Cette étape qui était la plus dure pour moi avant, est devenue la plus douce maintenant. Parler, se livrer, écouter l’autre et se rassurer, se rappeler que même s’il existe des accrochages, on s’aime quoi qu’il arrive.
Belle journée à tous.
Stéphanie