Guérir de ses parents.

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Parfois les relations se compliquent, et ce que l’on pensait facile et naturel ne l’est plus. Très tôt, j’ai senti que quelque chose clochait. Que quelque chose me manquait. Difficile de mettre en mots pourtant.

Une crise d’adolescence bien marquée et dont on me parle encore. Une révolte face à une injustice que je ne verbalisais pas à ce moment là.
J’ai arrêté de leur parler, je les ai agressé, j’ai hurlé, j’ai pleuré, j’ai appelé au secours et rien ne fonctionnait.
Je suis passée par des phases de diverses violences envers moi et envers eux. Me faire mal pour exister, un appel au secours, chercher leur attention. Violence envers eux pour me venger de ce que j’estimais en droit d’avoir. Agresser plutôt que paraître faible et blessée devant mon besoin d’eux non entendu.
La grossesse et la naissance de mon aînée, ont fait resurgir beaucoup de choses inachevées. Des blessures de nouveau ouvertes. J’ai été d’abord submergée par la colère. Incapable de communiquer avec eux. Je ne parlais pas, je criais. Ma rage sortait. Un espèce de venin se distillait dans mes veines. Une douleur profonde.

Et puis un jour, j’ai compris que cette colère cachait une tristesse bien plus profonde. Ils me manquaient. Ils m’avaient manqués. Je m’étais sentie seule et abandonnée. La perte de mon exclusivité à l’arrivée de mon frère sûrement et puis des petits blessures anodines, en apparence. Une bonne dose de comparaison et de compétition, qui au lieu de me motiver, m’affaiblissait. L’envie d’être la seule, l’unique. La plus choyée. Égocentrisme de l’enfant qui dure… Manque de câlins, d’attachement, d’amour. J’en avais mais je ne le ressentais pas comme ça. Cette tristesse m’a mise ko. J’ai pleuré autant que nécessaire. Beaucoup, longtemps. Et puis un jour, elle s’est estompée.

Et puis un jour, j’ai fait un pas vers eux. Un jour, j’ai compris qu’ils avaient fait comme ils pouvaient avec leurs blessures, avec là où ils en étaient. Avec ce qu’ils avaient reçu. Comme les grands parents avec eux et toutes les générations qui les ont précédées. J’ai vu leurs failles et j’ai compris. Je n’excuse pas. Je comprends. M’être écoutée enfin m’a permis d’avoir cette empathie envers eux. De reconnaître que je les aime plus que tout, au delà des erreurs qu’ils ont faites. Ces erreurs qui m’ont menées là où j’en suis aujourd’hui. Celles dont j’avais besoin pour avancer. Aujourd’hui, j’arrive à parler avec eux. Et depuis 2 mois, j’ai même trouvé le courage de dire à ma mère que j’avais besoin de ses câlins, ses câlins qui m’ont tant manqué. Avoir avancé sur moi m’a permis d’être avec eux de nouveau. Voir leur failles m’a profondément touchée. Reconnaître leur part d’enfant intérieur qui souffre aussi. Ils sont en chemin aussi. Chacun son rythme. Et changer mon comportement vis à vis d’eux, leur permet de changer aussi leur comportement vis à vis de moi. Je sens l’ouverture et l’amour gagner du terrain. Je me sens bénie d’être en leur compagnie. Heureuse et épanouie de ne plus être agressée constamment par nos échanges. D’avoir eu cette chance d’avancer et de leur faire partager ce cheminement. Sentir cet amour qui m’a tant manqué et cet échange si nourrissant me remplit le cœur. Je savoure d’avoir des parents qui me regardent avancer et sentir leur fierté et leur envie de bine faire, d’entendre mes mots et mes maux, même avec si cela peut se faire avec maladresse encore parfois.
Nous ne pouvons pas changer l’autre mais en nous changeant nous même, la relation évolue. C’est ce que nous sommes en train de vivre et j’y vois de la magie.
Je vous aime mon papa et ma maman. Je sais que vous lisez ces mots. Et ça aussi, ça me rend heureuse. Je sais que vous êtes fiers de moi et moi aussi je suis fière d’être votre fille.

Le parent parfait n’existe pas, chacun arrive avec ses casseroles et l’histoire des générations avant lui. Je le comprends aujourd’hui. Et c’est d’ailleurs en le comprenant chez eux que je peux enfin m’enlever un peu de pression des épaules. Accepter que moi aussi je fais et je ferai des erreurs avec mes filles et que malgré tout, on dépassera ça, qu’elles y survivront. Que si le lien persiste, nous trouverons une solution. Que mes erreurs avec elles aujourd’hui me font avancer sur moi et les poussent elles aussi à avancer. Ce chemin sinueux nous le faisons ensemble et parfois nous nous éloignerons, la vie est ainsi faite. Mais nous nous sommes choisis, elles sont là pour moi et je suis là pour elles, d’une façon ou d’une autre.

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On chemine ensemble.

Stéphanie Saincy

 

1 COMMENTAIRE

  1. Magnifique billet, bravo d’avoir eu la force de t’écouter et de trouver la cause de ton mal-être, même s’il pouvait sembler « anodin ». C’est très beau ce que tu as fait, pour toi, pour eux, et pour tes enfants. 🙂

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