La séparation. La maison vide.

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La maison vide. Ta maison vide. Vide la moitié du temps.

Fini les cris, fini vos cris, fini leur cris non stop aussi. Leurs cris de joie, d’excitation. Maintenant, tu as des enfants à mi temps. Tu as TES enfants à mi temps. Ces êtres si doux, si beaux, si fragiles. Ceux dont tu n’as jamais vraiment envie de te séparer même quand tu es à bout. Ceux que tu n’imagines pas laisser. Quel parent s’imagine un jour qu’il ne verra pas ses enfants à temps plein ? Quelle mère surmonte ça avec facilité? Pas toi en tout cas. Cette maison vide, votre maison, leur maison. Vide. Sans vie. Reconstruire oui, sûrement, avec le temps. Réapprendre à occuper l’espace. Rallumer la télé éteinte la journée de depuis leur naissance pour imaginer une présence. De la musique, lire, sortir, fuir. Tout ce que tu rêves de faire quand tu as tes enfants non stop, tu peux le faire et bizarrement tu en as moins envie. Tu t’étais dit que ta vie c’était aussi être une femme et tu as décidé de partir. Putain, c’est dur parfois, souvent? Ça dépend…. C’est comme un déchirement, cette impression de choisir entre soi et ses enfants. « On ne reste pas pour les enfants. » Non c’est vrai. Une part de toi se dit que c’est courageux de partir et une autre que c’est lâche. Se sauver soi. Penser à soi. Tu le sais, c’est l’exemple que tu souhaites donner. La vie de famille et surmonter les épreuves aussi. Et parfois, tu n’y arrives juste plus. Parfois la vie te fait hurler et tout détester jusqu’à l’image que ça te donne de toi. Toi en colère, toi exigeante, toi impatiente et malveillante. Alors c’est quoi la vie de famille? Jusqu’où? Jusqu’à quand? Comment vivre ensemble quand on n’y arrive plus? Comment vivre sans tes enfants la moitié du temps quand ils sont ce que tu aimes le plus au monde?

Tu envies tes souvenirs de matin débraillée où tu hurles pour respecter le timing. Tu les aimes tes enfants, à la folie. Et tu t’aimes toi aussi. Quel image de l’amour leur transmettre? Celle de l’indifférence? De la passion déchirante et de la rancoeur? Celui des compromis? Tu t’es mariée et tu as décidé que ce serait pour la vie, comme tes enfants. Et pourtant ça ne marche plus.

Déconstruire la vie de famille que tu t’étais imaginée. Créer celle du futur. D’un futur apaisé.

Tu vois tes enfants apaisés depuis car maman est calme enfin, apaisée aussi. Et tu te dis que cette décision vous aide. Que l’équilibre est peut être là. Et pourtant tu doutes. Pourtant ce n’était pas ce que tu voulais. Ce n’était ce que personne voulait. Et puis vous vous êtes perdus. Vos chemins de vie se sont croisés et éloignés, ils sont pourtant toujours en lien avec tes 2 p’tits bouts.

Préparer la maison pour profiter quand tu as la garde.

Quand ils sont avec leur papa, tu astiques la maison, tu fais tes corvées pour leur créer la maison cocooning, pour être dispo quand ils seront là. Pour que ça roule. Pour avoir du temps de qualité. Puisque c’est l’option qu’il te reste. La qualité, à défaut de la quantité. La vie reprend son cours quand ils sont là. Tu oublies presque que tu es seule l’autre moitié. Dans ta maison calme. Tu entends des sons que tu ne connaissais même pas. L’aiguille de l’horloge, le frigo qui ronronne, les pas du chat sur le sol.. avant ta maison c’était la mélodie des enfants, les joies, les peines, la vie quoi. Maintenant, tu peux dormir si tu veux, personne n’a besoin de toi la nuit. Ni le matin. Ou enfin si.

Tu réapprends à prendre soin de toi.

À reconstruire ce petit cœur de maman, pour surmonter leur absence, pour croire encore que le futur est plein de surprises. Et tu y arrives par moment plus facilement qu’à d’autres. Tu es partie pour vivre pour toi, par toi, pour donner l’exemple d’être en accord avec soi, alors tu l’assumes ta décision si déchirante. Et tu acceptes aussi pour la 1 ère fois de ta vie que si ça se trouve, tu te plantes. Ça se trouve l’histoire se terminera autrement. Tu acceptes l’imperfection et être toi, sans compromis, pour une fois. Tu crois aux secondes chances et peut être que ça arrivera avec le papa. Ou pas. L’avenir te le dira. Tu fais ton chemin, tu te portes ma grande et ça demande beaucoup de courage d’oser faire ça. Surtout en cette période de vacances, où vacances pour toi rime avec amour et famille. Tu fais comme tu peux, tu donnes ce que tu es et ce que tu as de mieux. Tu espères que ça suffit et quand tu les vois sourire tu sais que tu fais bien. Que les cris et le stress qu’ils avaient avec des parents qui se déchirent n’était pas mieux.

Voir tes enfants à mi temps ça reste dur, surtout au début tu te dis.

Est ce que ça passe? Je ne saurai le dire, j’aimerais te dire que oui… Pleure ma belle, pleure pour vider ton sac. Et remplis le ensuite des merveilles autour de toi et du plaisir de les revoir comme si tu ne les avais jamais quittés puisqu’ils sont toujours là dans ton cœur de maman et que tu es dans le leur, sois en sure.

Stéphanie Saincy.

9 Commentaires

  1. Votre texte m’a fait pleurer à chaudes larmes, chaque phrases avait l’air d’être écrite pour moi. Je m’y retrouve tellement… moi qui n’ai pas encore pris la décision de partir, ni celle de rester. Comment choisir entre soi et ses enfants, je n’ai encore pas trouvé la réponse. Merci d’avoir mis des mots sur ce que j’ai dans le cœur.

  2. Tout comme Céline votre texte m’a beaucoup ému.
    Car comme elle je n’ai pas encore pris de réelle décision partir ou rester ? Pensez à soi ( égoïstement ) ou pensez à eux et se dire que c’est peut être mieux …dans tous les cas vous avez mis des mots sur nos maux.
    Courage à toutes les mamans bienveillantes qui plus est mamans seules.

  3. Merci…meme si je pleure, c est tout à fait ça…ce silence, ce vide et tout cet amour pour mes enfants…et entre deux tenter de ne pas s oublier pour eux et pour soi. Merci

  4. Tellement ça, ce vide quand elle n’est pas la… cette enfant dont je suis la mère entière, mais que je n’ai qu’à moitié… faire le ménage quand elle n’est pas là, pour profiter d’elle à fond quand elle est la…
    Ces amis qui te disent, mais profite tu as du temps pour toi … non ! Ce temps m’est imposée ! Imaginez vous DEVOIR vous réveiller un dimanche sur deux sans vos enfants ! Aucun bruit… Rien le vide !
    Tout cela n’est pas un choix ! Ce n’est pas comme prendre une baby sitter pour profiter d’une soirée, non cette soirée vous DEVEZ la prendre ! Ou partir un week end et les laisser chez leur grand-parent ! Ces journées on vous les impose !
    Ce choix je ne l’ai pas eu, le père a claquer la porte quand elle avait 4 mois, et un an après a voulu sa fille ! Il a fallut lui apprendre à vivre sans moi, à partir et moi à vivre sans elle 1 week end sur deux, et la moitié des vacances … mais est-ce vraiment vivre …
    Ce noel qui se fera sans elle …
    Quand c’est imposé c’est tellement dur, mais devoir en faire le choix, quel supplice…

  5. Vous êtes courageuses et fortes. Ce déchirement de se séparer est un deuil à faire. Chaque deuil prend du temps. Je vous envoie des pensées positives, quelque soit votre situation, vous êtes en chemin, prenez soin de vous, pour vous et pour eux.

  6. Je pleure également en lisant ces lignes, moi qui suis séparée du papa de mon fils depuis ce 1er décembre. Chaque mot résonne en moi. Je me sens moins seule, merci, et votre texte me donne du courage. Bien à vous et à tous les parents et enfants, plein de lumière dans vos coeurs.

  7. J’aurais pu écrire tout ceci. Ma gorge serrée ne sait pas en parler.
    Moi j’appelle ça vivre en pointillés. Personne ne devrait avoir à vivre ça. Et « ça », c’est moi qui l’ai voulu.
    Oui, il y a la femme qui tente de vivre. Tente. Car la mère souffre. Encore et encore. Ça fait 3 ans, et la souffrance est toujours aussi vive.

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