Laissons-nous trop de choix?

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Avec l’éducation bienveillante, j’ai appris à laisser des choix à mes filles, à les laisser exprimer et décider ce qui est bon pour elles dans un contexte donné. Un choix parmi les possibilités qui me vont, afin qu’elles sachent décider, qu’elles soient actrices de leur vie et qu’elles se responsabilisent. Cela me semblait juste logique, la base du respect de ne pas tout imposer non stop. Pourtant, par moment, je trouve ça épuisant et je viens de réaliser pourquoi.
Épuisant pour elles, car du haut de leurs petits âges parfois c’est fatiguant de choisir, même avec peu de choix. Et du coup malveillant car trop exigeant parfois pour elles. Et quand l’enfant a besoin que l’on se positionne pour lui, que l’on entende qu’il a besoin d’un guide, cela revient d’une certaine manière à l’abandonner. Et cela est décourageant pour lui, et ne lui prouve pas notre amour puisque nous n’entendons pas envie de se reposer sur nous à ce moment là. Comme si nous étions indifférents, comme si ses choix ne nous regardaient jamais!
Épuisant pour moi car parfois j’ai juste plus envie qu’il y ait de choix. Et du coup malveillant envers moi et mes limites.
Épuisant aussi car souvent sous prétexte de choix, j’arrondis trop les angles et finalement l’information se perd en route. Parce que parfois, j’oublie qu’un choix entraîne des conséquences et quand j’oublie ça, mes limites sont dépassées. Du coup, elles ne savent plus non plus où sont les limites par ma faute.
Oui avec les enfants, il est normal de répéter les consignes plusieurs fois. Oui, le rabâchage est courant et nécessaire. Oui, ils sont en apprentissage. Oui, parfois ils savent faire et ne veulent juste pas faire. Et dans beaucoup de cas, il y a des choix, on peut revenir sur ce qui a été dit, patienter, réorienter, changer d’avis. Et même si cela leur apprend que les choses peuvent bouger, qu’une décision se mûrit et évolue avec le temps et l’humeur, il est tout aussi important de leur apprendre que parfois non. Se tenir et faire respecter les limites que nous nous sommes fixés et que nous avons explicités ensemble n’est pas négociable. Par moment, c’est non. Et il ne s’agit ni de vengeance ni de méchanceté, juste d’un cadre posé. Oui le cadre peut être mouvant, et pas toujours. Comprendre la différence pour eux est aussi capital. C’est ça l’écoute et le respect mutuel, ça ne va pas que dans leur sens. Leur laisser le choix oui, et assumer ensuite les conséquences de ces choix fait aussi partir du jeu. Faire un choix, c’est aussi faire le deuil de ce que l’on ne choisit pas. C’est renoncer à une partie et cela peut être compliqué quand le choix n’est pas évident.
Écouter leurs émotions ne veut pas dire tout passer, tout céder, tout supporter. Écouter leurs émotions ne veut pas dire les empêcher d’en avoir des négatives. Arrondir les angles quand cela n’empiète pas sur mes plates-bandes oui, prendre en compte tout le monde oui, mais pas m’oublier au passage sous prétexte d’harmonie familiale, sous prétexte qu’elle n’a pas les capacités de gérer ses émotions à 3 ans.
Je peux dire non et ensuite être là si besoin pour l’aider à traverser la frustration, la colère, la déception, la tristesse. 
Et c’est d’ailleurs à mon sens là que réside toute la différence entre « l’enfant roi » et « l’enfant bienveillant ».
En respectant nos limites, en disant stop et en assumant ce stop, en nous tenant à nos « conditions », en faisant respecter les compromis que nous avons trouvés avec eux sans plus de négociations encore après, nous avons aussi moins de risques de perdre pied, de déraper, de crier, de retomber dans nos travers, de réagir plutôt que d’agir. Nous pouvons alors gagner en qualité de relation et diminuer notre dose de culpabilité de parent dépassé, de parent excédé, de parent à bout. Diminuer aussi nos doutes quant à la place et au respect de chacun dans la famille. Nous pouvons donner mieux sans que cela soit au détriment de nous. 
Là où s’est compliqué, c’est quand nous n’avons pas reçu ça petit. Quand nous avons du mal à assumer qui nous sommes, ce que nous voulons, ce qui est bon pour nous. Quand nous avons appris à faire ce qu’on nous dit sans nous prendre en compte. En oubliant ce qui était bon pour nous. En faisant pour les autres sans penser à nous. Quand personne ne nous a appris à respecter nos limites, à ressentir quand c’était bon ou pas pour nous. Tout le travail de parents que nous avons à fournir est là. Et c’est bien le plus dur!! Se reconnecter à soi pour se reconnaître, pour savoir qui nous sommes, pour assumer qui nous sommes et assumer nos décisions car elles sont bonnes pour nous. Accepter nos limites sans culpabilité. Être bienveillant avec nous pour qu’ils puissent l’être aussi envers nous et envers eux, par mimétisme.
Encore et toujours ce mimétisme!

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On chemine ensemble.

Stéphanie Saincy.

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