C’est rigolo, cela fait des années que mon mari, ostéo comme moi, me dit que la bienveillance, c’est de l’ostéopathie. J’entendais mais j’ai pris la mesure de son propos pendant mon séminaire de motricité libre.
Vous connaissez sûrement pour beaucoup l’ostéopathie tant les cabinets fleurissent partout. On entend souvent parler de l’ostéo pour le mal de dos, celui qui fait craquer ou pas d’ailleurs. Il existe autant de pratiques que de sensibilités de praticiens ; mais une chose est sûre maintenant pour moi : la bienveillance rejoint l’ostéopathie, est de l’ostéopathie.
Le concept de l’ostéo, c’est que le thérapeute sert de point d’appui, de fulcrum, il sert de levier pour que le patient trouve sa solution, pour que le corps se règle de lui-même. Il existe une vraie notion de neutralité nécessaire de la part du soignant ; c’est d’ailleurs pour cela qu’il est souvent plus difficile de soigner une personne que l’on connaît. Que ce soit Montessori ou Pikler, avec la motricité libre, on retrouve ce principe de levier, de guide mais de laisser l’autre faire. Ne pas forcer, respecter la limite, le rythme, les besoins de chacun. Il y a tout un travail sur soi en tant que soignant, parent, encadrant de jeunes enfants, pour accepter une certaine neutralité, pour accepter de mettre de côté nos besoins, nos idées, nos émotions, pour être pleinement au service de l’autre. Et je ne parle pas de s’oublier, bien au contraire. Avoir la tête dans le seau n’aidera pas l’autre. Pour être un appui valable, il faut soi-même être à l’équilibre et c’est bien là toute la complexité du rôle de parents et de l’intérêt du travail sur soi. Le corps nous parle, nos émotions y sont profondément ancrées, nos convictions et notre histoire personnelle sont autant de bagages avec lesquels nous devons composer.
Avoir conscience de cela aide à avancer et à trouver sa place. En trouvant notre place, de soignant, de parent, d’éducateur, nous sommes plus à même de nous lier à l’autre sans faire l’amalgame de ce qui nous appartient et de ce qui lui appartient personnellement. Nous, parents, sommes un coup de pouce pour nos enfants, en étant bien assis. J’écoutais une conférence qui disait, très bien même, qu’avant de mettre le masque à oxygène à son enfant, il faut mettre le sien. Je trouve cela très juste. Les enfants nous renvoient à nos limites, à nos démons. Regardons nous avec sincérité pour savoir ce qui nous appartient et ce qui leur appartient. Soyons non pas parfaits et solides comme un roc sans faille, mais soyons conscients, justes ; c’est déjà tellement pour les guider et les aider, pour être le point d’appui dont ils ont besoin, un point d’appui stable.
De même que l’éducateur Montessori ou l’encadrant de motricité libre, l’ostéopathe est un observateur. Son rôle est de repérer les tensions, les zones de confort, ce qui va ou non se régler seul, ce qui a besoin d’un coup de pouce, le levier à libérer pour que la chaîne, la vie, la mobilité reprenne son cours.
L’autre grand principe de l’ostéopathie, c’est que tout doit bouger, qu’un corps en bonne santé est souple. Comme dans la bienveillance, un monde en éternel mouvement mais en souplesse, une série d’ajustement dans une harmonie. Comme dirait Pikler, un corps détendu tonique.
Rien ne peut se passer en force. Tact, douceur et respect sont nécessaires pour ne pas casser l’équilibre interne de la personne, de l’enfant. Et le nôtre par la même occasion. Soyons doux, avec eux et avec nous. Nous avançons avec eux, chaque jour, nous tendons vers un but.
Et encore une fois comme Montessori, Pikler, vouloir trop en faire est l’ennemi du travail. Trop en faire casse le travail et peut tout déséquilibrer. Le juste dosage, la juste présence, la juste confiance.
Tout un art de materner comme tout un art d’être hosto !
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On chemine ensemble.
Stéphanie Saincy.