Suivant l’âge des enfants, le discours ne sera pas le même. Une chose est sûre, ils sont au cœur de la famille et il est important d’en parler avec eux. De toutes façons, ils savent. Ils vivent avec nous et sentent les choses. Ils sont connectés à leurs ressentis et donc à celui des parents. D’ailleurs, quand le doute s’installe chez un parent ou que les disputes se font plus présentes, ils peuvent très bien verbaliser les choses avec des remarques très pertinentes et qui semblent sorties de nulle part. Ils savent beaucoup choses, car ce sont de fins observateurs. Ils décodent le langage non verbal mieux que nous. Inutile donc de leur mentir. Cela ne ferait que les embrouiller.
Si la séparation se passe calmement, d’un commun accord c’est bien sur plus simple. Souvent pourtant, l’un est plus d’accord que l’autre. Et ça aussi les enfants le savent et le ressentent. Alors quoi dire et quand? Si possible ensemble, mais parfois cela est trop douloureux pour la personne qui est quittée. Alors chacun prendra idéalement le temps d’expliquer sa version. Car il s’agit bien de sa version, son ressenti. Inutile de rentrer dans trop de détails, la vie des adultes et tous les aléas ne peuvent pas être compris. répondre juste aux questions, en simplifiant suffit souvent. Suivant l’age des enfants encore. Ils peuvent avoir des questions très déstabilisantes. Melle 6 ans, revenait sans cesse avec la même question: est ce que tu aimes papa? A ce moment là, j’étais perdue et je ne savais pas comment répondre, alors régulièrement elle me la reposait. Et quand j’ai enfin trouvé ma réponse, elle ne me l’a plus posée. Ou plus pareil. C’était plus « pourquoi tu ne l’aimes plus? ». Une choses essentielle et que la tristesse ou la colère peut faire oublier c’est bien de ne pas accuser l’autre parent. de le critiquer ouvertement. L’enfant a besoin de savoir qu’il peut compter sur ces 2 parents. Qu’ils sont fiables, il construit sa sécurité intérieure avec ses repères. Si la famille change, il a toujours autant besoin des appuis que ses parents lui offrent. Là aussi je sais que parfois, c’est compliqué. Et toute la bienveillance est nécessaire pour que les choses soient le plus apaisées possible.
Au départ, la seule explication qui m’est venue était de dire que nous n’étions plus d’accord et que j’étais trop en colère pour parler calmement, et qu’on se laissait du temps. Je n’étais pas sûre de ma décision et elle le sentait bien, alors autant lui confirmer ce qu’elle sentait déjà. Déconstruire une vie commune et surtout avec des enfants n’est pas une chose aisée. ça ne l’a pas été pour moi en tout cas. Melle 3 ans, posait mois de questions, mais entendait souvent celle de sa sœur et mes réponses. Parfois elle verbalisait qu’elle voulait voir son papa en même temps que moi. Ce que Melle 6 ans voulait aussi d’ailleurs. Et si en bonne intelligence vous arriver à vous ménager des moments de discussions cordiales, les enfants sont toujours heureux de voir que leurs parents se parlent de façon calme. Ils comprennent qu’il y a du respect et c’est comme si cela validait le fait que chaque parent est « bon ». Il n’y a pas un seul fautif, une relation c’est à 2. Les torts sont partagés mais en leur apprenant que les parents peuvent laisser les tensions de côtés, ils apprennent aussi que les différents se dépassent et que même si l’amour n’est plus là, le respect oui. La question qui peut se poser, c’est donc « si mon parent n’aime plus mon autre parent, cela veut il dire que ce parent n’est pas assez bien? » Il est important de dissocier la personne et les sentiments. Ne plus aimer, ne veut pas dire que cette personne n’est pas assez bien. Cela signifie juste que les besoins ont changé, mais la valeur est toujours la même. l’enfant a besoin de savoir qu’il peut se reposer sur ses parents et ça passe par le fait d’avoir la confirmation que chaque parent peut s’occuper de lui. (je passe sur le cas des parents maltraitants ou négligents où là le comportement n’est pas justifiable et les discussions tout autre.) Ne pas dénigrer l’autre parent est une clé de l’apaisement des enfants dans une séparation.
La majorité des questions tournent autour de l’amour existant ou non et le lien qui reste encore. Sur la place des enfants dans nos cœurs et entre les parents. Lors d’une séparation, ils comprennent que l’amour peut ne pas durer toute la vie. Ils doivent intégrer que l’amour de 2 adultes n’est pas le même que celui d’un parent pour son enfant. Et cela peut apporter son lot de peurs. Les questions, ils nous les posent donc pour se rassurer et non pour nous embêter. Ils ont besoin de savoir où nous en sommes. Ce que les enfants souhaitent, ce sont des parents heureux. Pas forcément ensemble mais heureux quoi qu’il arrive. Cette étape est souvent plus simple pour le parent qui part, même si la culpabilité est grande bien souvent. Ce qui est aussi compliqué, c’est de voir le parent triste, que ce soit celui qui quitte ou celui qui est quitté. J’ai pleuré devant mes filles. Les pleurs ne doivent pas faire peur. S’il est vital d’être soutenu dans cette étape délicate pour être en mesure de s’occuper de nos enfants, la tristesse est aussi une étape du deuil. Et les enfants peuvent très bien le comprendre, tant qu’elle laisse aussi place à la joie de plus en plus souvent au fil des semaines ou des mois. Expliquer avec des mots simples aident là aussi. Dire que c’est transitoire aussi. Se faire aider par un thérapeute pour vider son sac est souvent bénéfique.
Si nos enfants ont des questions ou des peurs, nous sommes là pour les rassurer mais ils n’ont pas à être notre source de réconfort. Ils n’ont pas à nous porter, leurs épaules sont bien trop menues. Et même si les câlins et les sniffages de cou font un bien fou, notre responsabilité est de nous occuper de nous dans cette étape difficile.
Prenez soin de vous, vous êtes en chemin. Chaque jour vous avancez, soyez en sûrs.
Stéphanie Saincy.