Mon AVAC.

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1960

Je vous ai parlé il y a un mois de ma césarienne et vos témoignages m’ont beaucoup touchée. Vous êtes nombreuses à m’avoir aussi demandé comment s’est déroulée la naissance suivante. Voici le récit.

Le plus dur dans cette grossesse a été de déconstruire les peurs ancrées par la première naissance. La première chose a été de choisir un gynéco qui entende mes craintes et mon besoin d’accoucher par voie basse. Et j’ai eu la chance d’en trouver un top, qui était pour les accouchements naturels, quelque soit la position choisie et qui validait mon souhait de le faire sans péridurale même après une césarienne.

Le 9ème mois a été très long. Les 15 jours avant le terme aussi. Une foule de questions s’enchaînaient, les peurs que je pensais avoir suffisamment abordées remontaient. Cette attente chaque soir que cela se déclenche la nuit, et la déception du matin. Pour mon aînée, j’ai été déclenchée le jour du terme, et mon gynéco me répétait inlassablement que mon col était « béton ». J’avais comme objectif de chasser ses mots de ma tête. Je me concentrais sur l’image d’un col souple, qui se ramollit. Aux contrôles chez le gyneco, je ne voulais d’ailleurs pas savoir comment il était. Je ne sais que trop bien le pouvoir des pensées sur le corps. Je restais focalisée sur l’image que tout allait bien se passer. Mais chaque matin, le doute s’installait, chaque matin cette boule au ventre, et les larmes qui coulent. Ces larmes que je souhaitais retenir pour garder en tête que tout irait bien et pourtant que je laissais couler pour libérer mes peurs et ma tristesse. Se concentrer sur le positif et le but à atteindre sans refuser les émotions pour ne pas verrouiller le corps. Que ces derniers jours ont été longs!

Et puis le terme est arrivé. Une sorte de délivrance ce jour là. De me dire, bon bah voilà, j’y suis. Moins de stress les 48 h qui ont suivies comme si finalement ce qui me faisait peur, c’était le terme. Pourtant les contrôles tous les jours avec monito et echo n’étaient pas pour me rassurer. Apres 4 jours post terme, j’ai accepté un décollement de membranes. Les contractions étaient présentes avant mais irrégulières et sans effet sur le col. Bébé allant très bien et moi aussi, mon gyneco nous a laissé encore du temps. Je dansais depuis 1 mois sur mon ballon, et j’intensifiais le rythme. A la fin, je me souviens que je le détestais ce ballon. L’impression d’y passer toute la journée! Mais impossible de lâcher et de faire sans. Je voulais mettre toutes les chances de mon coté. Comme pour mon aînée, ce bébé se plaçait très à droite, très tôt, et n’appuyait en fait pas assez sur le col. Je passais toutes mes nuits sur le coté gauche, pour l’aider à se mettre dans l’axe, ainsi qu’un temps infini à 4 pattes. Ce qui avait au moins le mérite de faire rire ma fille! J’étais partagée entre aider le corps et laisser faire. Agir ou lâcher prise? J’ai bu des tisanes de framboisiers et de sauge à en uriner des litres. J’ai aussi mis des capsules d’onagre en intravaginale. Oui oui vous saurez tout. Et mon mari osteo vérifiait le col et sa mobilité en interne, pour qu’il soit le plus mobile possible. Tout un programme!

Apres le décollement , plus de contractions et le début des contractions douloureuses et régulières la nuit qui me forçaient à me lever mais qui s’estompaient au matin, moins régulières et moins fortes. J’ai fini à cette période par confier ma fille aux grands parents, il me restait 48h maximum et je voulais me centrer sur ça. J’ai passé 48h à pleurer, à faire l’amour et à rouler en voiture, juste histoire de dire! Pour espérer que cela activerait quelque chose. Chaque jour, je me demandais si c’était moi qui la retenait, trop d’attachement? Est ce que je voulais garder ce bébé pour moi? Ou si j’avais juste des grossesses longues et qu’on la pressait malgré ce répis accordé? Ou bien si mes peurs de la césarienne bloquait le travail? Les questions fusaient, j’essayais de les accueillir…

Et nous sommes arrivés à J+7. Un exploit après une césarienne! Le matin impossible de manger, j’avais rendez vous avec une sage femme le dimanche de pâques, pour savoir comment était mon col et si j’aurai une césarienne ou si un déclenchement était possible. Je devais avoir le col ouvert à 2. Jusqu’à présent, c’était un petit 1. Le sentiment que cette voie basse se raccroche à un simple chiffre, que je ne pourrais plus décider cette fois. Que mon sort est entre les mains de mon gynéco. Verdict, je suis à a peine plus que 1. Elle va appeler le gyneco pour savoir quoi faire. Je m’effondre, les larmes coulent, encore. Et puis l’idée de la césarienne fait son chemin, je pense surtout à cette rencontre. Si c’est une césarienne je veux juste qu’elle soit douce. Elle revient et contre toute attentes, il est ok pour tenter de déclencher. J’avoue que ma journée s’est transformée à ce moment là!! Une lueur d’espoir s’est installée. J’avais le droit d’accoucher, d’essayer d’accoucher après ma césarienne. Pour la 1ere fois je crois, j’ai eu l’image de cet accouchement par voie basse. Comme s’il était vraiment possible et j’en ai pleuré là encore, de joie et de soulagement cette fois.

On m’a installée dans la salle d’accouchement avec de l’ocytocine pour les contractions. Ballon à dispo et début des contractions. Je souhaitais tester sans péridurale malgré le déclenchement car je voulais sentir dans mon corps ce travail qui se fait. J’attendais ces contractions depuis si longtemps que je ne voulais rien louper. Et j’ai adoré! J’ai senti leurs intensités augmenter progressivement et je me suis sentie gérer à merveille. Je sentais leurs puissances et je comprenais leur but. Je me focalisais sur chaque sensation qui me parcourait, la montée, le pic, la descente et le repos. Respirer, s’approprier la douleur qui finalrement n’en est plus une. Un sentiment de fierté aussi d’être enfin en travail, et de voir ces contractions sur le monito. Après 3 h de contractions, mon col était à un peu plus que 2. La décision est prise de percer la poche des eaux pour accélérer le travail, compte tenu de la césarienne et de l’utérus cicatriciel.

L’équipe me propose la péridurale à ce moment là, en me disant bien que ça deviendrait beaucoup plus douloureux. J’hésite et le doute s’installe. Mais douloureux comment? Pour n’avoir aucun regret je décide de patienter. Pause pipi et je croise l’anesthésiste qui me dit qu’il est venu exprès. Nouveau doute. Je le laisse pourtant repartir et je patiente avec ces contractions sacrément intenses et douloureuses pendant 45 minutes. Le pic de contraction est violent, je sens que je lutte. Et même si je tiens le coup, j’ai peur d’empêcher mon col de s’ouvrir. Je sens que la douleur des contractions artificielles et sans poche des eaux ne soit trop vive et que je ne me laisse plus aller dans la douleur pour laisser mon corps s’ouvrir. Les doutes de l’équipe étaient-ils fondés ou se sont-ils immiscés dans ma tête? Je décide d’opter pour la péridurale, pour me détendre. L’envie de cette voie basse est plus forte que mon envie de faire sans péridurale. Repos complet jusqu’à 16 h sur le coté gauche pour aider à la descente. Peu de sensation pendant ce temps là mais du rire, des discussions avec mon mari et même une micro sieste. Le temps est comme suspendu. Le corps fait son oeuvre. A 16h, bilan col effacé et ouvert à 4. Mon gyneco arrive pour la femme d’à coté, et décider de la suite. je crois que pour l’équipe c’est un long mon travail… Je suis pourtant sereine. La péridurale se dissipe, je commence à sentir ce qui se passe de nouveau. Et ça pousse fort en bas. Les contractions que je sentais dans le ventre, je les sens dans le périnée. Une sensation étrange et inconnue de lourdeur. Comme si elle toquait à la porte. Et pourtant on vient de me dire que j’étais à 4. J’en parle au gynéco quand il arrive 20 minutes après. J’avais raison, je suis à 10. Je vais accoucher, je vais accoucher, je vais accoucher!!! Les larmes mêlées au rire m’envahissent. Toute l’équipe est contente pour moi. Toute l’équipe savait à quel point ce projet était important pour moi. Comme une réparation. Comme un besoin de me prouver que ce corps peut le faire. Je vais accoucher, j’en reviens toujours pas. Cette joie indescriptible, cette joie dont je rêvais et que je n’osais plus espérée. On m’installe sur le dos, ce qui sera finalement mon seul regret, mais je n’avais plus envie de réfléchir. L’impression toujours qu’elle pousse en bas, qu’elle va même tomber direct. Je vois le gynéco se préparer et tourner la tête, j’ai qu’une trouille, c’est qu’elle tombe par terre. ahaha je vous jure, j’avais peur et je l’ai même dit! 3 contractions, 3 poussées et elle est là. Je l’ai attrapée pour la faire sortir et instantanément cet amour, cette évidence. Ma fille, mon amour, mon cadeau. Cette émotion si forte de mon bébé contre moi, de ce bébé que j’ai senti sortir grâce à cette péridurale qui s’est dissipée. Ce bébé que j’ai senti glisser et descendre, ce bébé que j’ai fait naître. Ce corps qui a fait son boulot. J’en pleure en l’écrivant encore. Cette joie, cet amour, démesuré. L’impression que tout à coup tout est possible. Que plus rien ne manque. Tout est là, elle est là. La mise au sein dans la foulée, se fait spontanément, elle tête comme si elle avait toujours fait ça, comme si c’était une évidence, cette succion forte. Je suis captivée, fascinée. Ce bout de femme m’a transformée une nouvelle fois. Ce bout de moi, de nous, m’a réconcilié avec mon corps et avec mon accouchement précédent. C’est une championne, elle est forte, je le sais, je le sens. Elle aussi a géré comme une chef. je suis fière d’elle, de moi, de nous. Je suis bien, nous sommes bien, calmes, apaisées. Tout coule. Le temps se suspend. On savoure. Quelle beauté cette naissance. Ce jour où je me suis sentie enfin, pleinement femme, pleinement mère. Pleinement moi.

Je ne remercierai jamais assez toute l’équipe pour avoir respecté mon projet et entendu mon besoin de protection et de bienveillance. Ce dimanche de pâques, j’ai senti ce respect qui m’avait manqué et cet amour, cette chaleur de l’équipe qui m’avait tant manqué. On a rit ensemble et je les ai fait pleurer aussi.

Du fond du cœur, merci pour cette naissance magique!

Stéphanie.

2 Commentaires

  1. Merci encore pour un texte aussi beau j’ai vécu une césarienne pour mon premier qui n’était pas obligatoire et en lisant vos mots me donne de l’espoir car je suis enceinte de 18 sa merci encore et encore

  2. J’en pleure en vous lisant j’aurais pu l’écrire cette article nous avon vécu la même histoire avec numéro 3. 2 première césarienne donc super émue d’avoir pu enfin sentir tout sa pour mon petit dernier…:-)

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