Depuis quelques mois, j’écris moins. Moins l’envie, moins le temps. Trop de questions sans réponse. Trop de turpitudes, trop de doutes, de peurs, de tristesse, de colère.
Un gros mélange de toutes mes émotions refoulées depuis si longtemps. Toutes ces émotions qui font partie de la vie et que je pensais devoir occulter, mettre de côté, ne pas voir.
J’ai appris, pour moi en même temps que pour mes filles, que ces émotions sont au service de la vie. Que c’est en les dépassant qu’on avance et non en les fuyant, en les évitant, en les occultant. La vie est riche, prenante et encore plus quand on se sent capable de dépasser les épreuves sur notre chemin.
J’ai donc dû me perdre, plonger dedans à corps perdu, lâcher le contrôle, les yeux remplis de larmes, la voix chevrotante, le corps qui tremble, la voix qui hurle, les traits tirés, les yeux cernés, le cerveau en ébullition constante. Entre courage immense et abattement dévastateur. Laisser remonter toutes ces années de douleur, de frustrations. Toutes ces émotions non digérées, celles que l’on veut occulter pour avancer mais qui nous reviennent en boomerang de plus en plus fort, car justement le travail et le chemin, c’est de faire avec.
Je me suis perdue, mes filles m’ont réveillées. Je me suis perdue dans la maternité, j’ai comblé mes besoins, je me suis guérie avec elles, j’ai donné, trop. Ce dont j’avais besoin plus que ce dont elles avaient besoin. Je me suis épuisée en croyant répondre à leurs demandes quand je voulais combler les miennes. Électrochoc. J’ai décidé de ne pas me flageller pour ça, cette belle leçon valait le chemin. Sans ce chemin, je n’en serai pas là. On avance ensemble.
Il m’a fallu me perdre et vivre pour comprendre. Pour apprendre à me donner ce qui me manque. Pour apprendre à en garder pour moi. Pour écouter leurs demandes légitimes sans me sentir accablée, sans force pour donner plus. Il m’a fallu du temps pour le comprendre. Depuis la naissance de mon aînée, je bosse à mi temps pour être au plus près d’elle puis d’elles. Et je commence à accepter l’idée que j’ai besoin pour mon équilibre et le leur de bosser plus maintenant. Que ma vie compte. Que je suis l’exemple qui les fera grandir et qu’écouter mes besoins est l’exemple dont elles ont besoin pour grandir et écouter les leurs. Plus que mes mots, agir.
Je me reconstruis. J’ai le sentiment de me trouver chaque jour de plus en plus. Toute ma vie a été chamboulée, je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je sais que je me tiens par la main, que chaque jour je me prends de plus en plus en compte, que j’existe de plus en plus pour moi et du coup de plus en plus pour les autres. Sans attente excessive. Je suis toujours en chemin, la route est longue et sinueuse, il y a encore des zones d’ombres à explorer, mais je me sens en marche vers moi. Enfin.
Donc en cette fin d’année scolaire, je mets en place les aménagements pour bosser 4 jours l’an prochain. Melle 5 ans retournera à l’école, sa sœur sera gardée 2 jours à l’extérieur et par nous et les grands parents le reste du temps. Chacun trouve sa place. Je me sens capable de les lâcher plus. Capable d’exister sans elles quand avant je doutais. Je pensais que c’était elles qui avaient besoin de moi, et c’était le cas bien sûr, mais je comprends que moi aussi, j’avais besoin d’elles par dessus tout.
Travailler sur ma solitude, sur mon indépendance, pour leur offrir la leur. Je me fais un beau cadeau de sécurité intérieure et je leur offre enfin la même chose. « Maman est là quoi qu’il arrive si tu as besoin et tu peux explorer sans moi. »
Grandir, s’emanciper, sortir de ma coquille, ouvrir les bras à cette nouvelle vie. Vivre pour moi et rayonner d’amour pour les autres, chargée de confiance et de sécurité, voilà mon chemin aujourd’hui. Que les autres ne soient plus mon gâteau, mais juste la cerise sur mon gâteau. Ne pas attendre qu’ils comblent mes besoins mais me rendre active dans leurs satisfactions, plutôt que victime. Je n’y arrive pas 100% du temps et c’est une illusion de croire que c’est possible d’ailleurs, nous sommes des êtres sociaux et nous nous nourrissons du contact aux autres. Apres mon excès d’isolement, je le comprends aussi. Un juste milieu. L’autre n’est pas notre ennemi. S’ouvrir à l’autre est aussi une preuve de force.
Toucher du doigt l’équilibre. Vibrer.
Aujourd’hui est un bon jour.
Belle journée sous le soleil.
Stéphanie.
Magnifique! Très bel écrit. Très profond.
J’ai eu beaucoup de plaisir à vous lire.
Merci! Et bon cheminement 🙂
Agnès
je me voi beaucoup dans votre recit cest exactement se que je ressent en se moment je souhaite plein de courage et plein de bonheur je me suis regaler en vous lisant
Merci beaucoup. Vous cheminez bien plus vite que moi. À vous lire vous me sembler déterminée et je pense que c’est l’une des clefs. Bon courage pour la poursuite de votre cheminement.
Bien à vous
C’est incroyable j’ai l’impression de lire mon histoire. ..
En tant que maman on doit apprendre à lâcher prise et à apprendre à se retrouver en tant que femme. ..ce qui est encore difficile pour moi.
Si vous avez des clés à nous partager pour y arriver
Bon courage à nous
Merci pour ce partage
On se sent tout de suite moins seul
Merci
Vos paroles justes me sont rassurantes; je ne suis pas seule, et surtout, je chemine, on chemine ensemble.