Tu ES ou tu te SENS?

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Je deviens tatillonne à force de lire. Je tique sur de plus en plus sur les mots, la langue française me fascine par sa richesse et le sens donné aux mots est captivant. La subtilité d’une phrase dépend des mots choisis et la nuance qui semblait minime peut être alors énorme.
C’est le cas du verbe ÊTRE versus les verbes RESSENTIR et SENTIR. Depuis 4 ans, j’ai pris conscience de l’impact néfaste des étiquettes, ces petits mots glissés inconsciemment et qui finissent par définir une personne.

A lire ici, au sujet des étiquettes: https://mamanbienveillante.fr/2017/01/les-etiquettes-qui-nous-collent-a-la-peau/
Je suis depuis très vigilante, je ne dis pas « tu es timide », « tu es maladroite »,…, parce que le verbe ÊTRE ne définit pas un état mais la personne dans son essence profonde. Certes dit de façon ponctuelle cela a moins d’impact mais même, je ne les ai jamais dit ces mots qui moi m’ont tant marqué. Je pensais donc ne pas « coller d’étiquettes ». Et pourtant depuis que je verbalise les émotions pour mon aînée, je me rends compte que j’utilise systématiquement le verbe ÊTRE. « Tu es en colère », « je vois que tu es déçue », « je comprends que tu es frustrée » etc, mais du coup, même si c’est une phrase dans l’instant, je fige dans sa tête, par mes mots, un sentiment. Je fais de son ressenti ponctuel, une part d’elle. 
J’apprends donc en ce moment à reformuler ses émotions non pas avec le verbe ÊTRE mais avec les verbes SENTIR et RESSENTIR. Parce que c’est plus juste. Avoir une émotion ne signifie pas que nous SOMMES cette émotion, elle est passagère, et au final grâce à ces 2 verbes, je trouve que c’est plus clair. Cela permet d’aider l’enfant à comprendre ce qu’il ressent dans son corps. Le connecter à son ressenti permet de l’aider à identifier l’émotion et surtout de SENTIR aussi quand elle part. Je reformule donc en disant « tu te sens en colère », « je vois que tu ressens de la frustration »… Ça paraît rien, c’est tout bête et pourtant je trouve la différence fondamentale! Pas vous?
Allez hop, c’est parti pour un nouvel réapprentissage pour me créer de nouveaux réflexes, dans la verbalisation pour elles bien sur et aussi pour moi. Je pense que cela va apporter un peu de légèreté à tous, pour les émotions à moi car je me verrais plus indulgente envers moi même car ce que je suis en réaction n’est pas ce que je suis au fond et pour elles pareil mais aussi pour la vision que j’ai d’elles. Quand elles SONT leurs émotions cela cristallise le « problème », à l’inverse de ce qui se passe quand elles RESSENTENT une émotion, cela ne dure qu’un temps. Je trouve cette formulation tellement plus respectueuse de l’identité de chacun que maintenant ça me paraît fou de ne pas avoir réalisé ça avant!

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On chemine ensemble.

Stéphanie Saincy.

1 COMMENTAIRE

  1. Merci Stéphanie pour ce message. En effet de mon côté j’ai pris conscience de l’importance de ne pas coller d’étiquettes. Donc j’ai toujours fait de mon mieux pour éviter cela. Mais ces derniers temps justement je réalise que j’utilise le verbe « être » pour mettre des mots sur les sentiments de mon fils, comme tu l’expliques dans l’article, alors qu’il me semblerait plus juste en effet de parler de ce qu’il ressent, des sentiments qui peuvent le traverser… J’y travaille donc aussi ! 🙂 Et pour moi aussi ! 😉

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