Vivre une césarienne en urgence, et après?

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Je voulais ici parler de ma césarienne, cette blessure de guerre que je déteste le plus au monde. Je viens de discuter avec une maman de la sienne, « vieille de 10 ans » et qui en pleure encore à l’évocation. Juste en prononçant le mot.

Pourquoi autant de tabou autour de ça?

Melle 4 ans, est née par césarienne. La violence de cette naissance est marquée sur mon corps, visible, chaque jour, plusieurs fois par jour. Je la déteste et pourtant elle est sortie par là. J’ai été suivie par un gynéco pro césarienne mais que j’aimais bien, qui savait que mon souhait était un accouchement naturel, sans péridurale. J’ai fini par une césarienne en urgence, pour souffrance fœtale. En 1 seconde, j’ai vu le visage de la sage femme se décomposer, l’équipe s’activer, ne plus me parler et ne parler qu’entre eux. Mon mari qui manquait de tourner de l’œil. Un moment où tu sens que plus rien n’est sous ton contrôle. Ton corps ne t’appartient plus. Tout s’enchaîne. Sans te demander ton avis, dans l’urgence, pour sauver tout le monde tu te dis, tu deviens un corps inerte, on t’enfonce une aiguille gigantesque pour percer la poche des eaux, contractions fortes ou pas,on te déplace, vite, toujours plus vite, et on te plie en 2 pour une rachi-anesthésie rapidos. On t’allonge et tu sens encore tout. On te rase et on badigeonne ton ventre pendant qu’on installe les draps bleus. Tu sens tout, Tu as peur pour toi, pour elle.

Je nous vois mourir, je tremble, personne ne me parle, je suis seule. On dispose de moi, on va m’ouvrir en 2. Entre 2 sanglots, je finis par dire avant que je sens tout, et le gynéco « teste » son bistouri sur ma cuisse, j’ai encore la marque… je ne sens pas la douleur, mais je sens le contact, je sens qu’on tire, mon corps est ballotté aux grès de leurs gestes. J’étouffe, je ne respire plus. Je ne sens rien sous la poitrine, mon corps est mort, et ma fille est dans cette partie morte. On me prévient qu’elle sort, mais elle ne cire pas, elle ne respire pas. Elle part directement. Agonie, angoisse. Mais pourquoi je ne l’entends pas?? Je suis arrivée à la maternité il y a 30 minutes et ma vie a basculé, notre vie, le début de la sienne a basculé. Je ne perçois que le chaos quand j’attendais la douceur de l’attente, de la naissance et enfin sa rencontre. Au bout de quelques secondes/minutes interminables, j’entends un bébé qui pleure pendant qu’on me recoud, est ce que c’est elle? Comment le savoir, on me l’a arrachée, je ne sais pas à quoi elle ressemble, je suis seule avec mon drap bleu devant le visage. Mon mari n’est pas avec moi, il est seul lui aussi. Elle est seule, elle aussi. Cette violence, cette froideur, cette angoisse, cette peur viscérale de tout perdre en quelques secondes. Une fois recousue, mon gynéco trouve le moyen de s’amuser avec ma jambe inerte en la levant pour me montrer que je ne sens rien. Vision d’horreur de ma jambe comme détachée de mon corps. Démembrée…

Je monte en salle de réveil, et comble de générosité, on me montre ma fille, 10 secondes, le temps d’un baiser. Et puis plus rien pendant 2h. 2h seule encore, le vide. Je retourne dans ma chambre avec le sentiment qu’on m’offre un bébé que je ne connais pas après avoir eu une chirurgie lamba. Peau à peau 24h, enfin la sentir, enfin la découvrir.

J’en ai pleuré 8 mois durant, tous les jours. Et inlassablement on me répétait, « mais tout le monde va bien c’est le principal », bien sur c’est le principal, mais est ce suffisant? Ce sentiment que ton corps ne sait pas faire le boulot qu’on attend de lui. Que cette naissance m’a été volée. Que cette rencontre si forte que j’attendais ne se fera jamais et que tout est à reconstruire. Cette cicatrice qui refuse de cicatriser, qui fait mal des mois durant. Qui garde l’empreinte de la peur, de l’échec et de ma tristesse.

Une césarienne et encore plus en urgence, n’est pas une chose évidente. La violence c’est la peur qui l’accompagne et le deuil du projet et de la rencontre. Oui, tout peut bien se passer, oui l’équipe joue, et puis aussi parfois (souvent? trop souvent?) ça dérape. Pensant bien faire, on oublie la maman. Pensant bien faire, on active trop le truc. L’humanité, la bienveillance, le respect se perd dans cette urgence. Un mot, un geste, un regard m’aurait aidé. Parler ensuite et se sentir entendue. Avouer que le lien n’est pas aussi inné que lors d’une naissance tranquille. C’est fort, c’est culpabilisant. Je la voyais, je savais que c’était elle, que je l’aimais, mais il me manquait un ressenti. Une sensation d’étranger.  Nous avons tissés notre relation ensuite et les choses se font faites rapidement. Mais je sais qu’il existe une blessure tout au fond d’elle et au fond de moi. On en parle, elle sait d’où elle est sortie et comment, elle voit ma césarienne, et je suis émue qu’elle puisse visualiser ce passage qu’elle a créée. Néanmoins, la violence et la tristesse ont été dure à évacuer. Dans les moments de moins bien, elles sont encore un peu là d’ailleurs… Et les larmes soulagent de nouveau, j’ai parfois le sentiment de tourner en boucle des questions « mais pourquoi? pourquoi moi?comment aurais-je pu éviter ça? »

Le hasard n’existant pas, je ressors d’une séance de kinésiologie et ce qui est ressorti, c’est encore cette césarienne. Encore des larmes et puis un apaisement. La voir avec douceur, retenir le positif, que mon corps à porté pendant 9 mois ce bébé et que malgré la sortie compliquée tout n’est pas mauvais, bien au contraire. Tout à coup, les mots justes. Tout à coup, de l’amour pour cette cicatrice. Réinvestir la zone, en douceur, voilà tout le chemin. Recréer du beau, voir le beau, pour avancer et reconstruire.

Je souhaite à toutes les mamans qui ont vécu ça, de pleurer tout ce qu’elles ont pour soulager la peine et de mettre en mots si besoin avec une personne de confiance. Lorsque les langues se délient, on réalise que beaucoup de femmes ont le même vécu. En parler à celles qui ont vécu et se sentir enfin entendues et reconnues aide. Vous avez besoin de douceur, offrez vous en.

J’ai vécu un AVAC, (accouchement vaginal après césarienne) pour ma 2ème, déclenché 7 jours post terme! Je vous le raconterai une prochaine fois.

Prenez soin de vous et de cette cicatrice. Touchez la, faites la votre. Je pense à vous.

Stéphanie.

33 Commentaires

  1. bonjour, je m’appelle Emilie est j’ai vécu la même chose il y a 3 ans, et j’en pleure toujours. Je suis enceinte et j’ai peur que bébé 2 naisse à nouveau en césarienne merci pour votre texte qui est magnifique.

    • Bonjour Émilie, ne vous inquiétez pas, j’ai vécu une première césarienne terrible et puis une deuxième beaucoup beaucoup mieux vécue, ce ne sera plus jamais la première fois, vous n’êtes plus la même personne. Ce ne sera pas forcément une césarienne et même si c’est le cas, pourquoi cela se passerait mal. Çà va aller, profitez de votre grossesse et pas d’inquiétude, l’inquiétude ne change pas le résultat. Bises

  2. J’ai connu aussi une césarienne en urgence, après 32 semaines de grossesse, alors qu’une heure auparavant je me rendais tranquillement à un examen de routine. Cela fait presque 8 mois… que ça me bouleverse toujours autant

  3. Aviez vous fait une préparation à la naissance ? Avait on évoqué avec vous cette éventualité ? Pour vous permettre de vivre cela comme une nécessité vitale et « travaillé « avec vous la communication avec votre bébé afin de le rassurer lui aussi
    Votre témoignage me touche beaucoup et me donne envie d en parler plus longué ment avec vous. Si cela vous dit voici mes coordonnées tel 0670267750
    Je suis Sage femme, sophrogue

    • Bonjour je m appelle Charlotte et j ai vécu la même chose pour ma deuxième fille.
      Donc la première Louise par voi basse, le plus beau jour de ma vie. une naissance comme dans les film. et la deuxième Masha un accouchement digne d un cauchemar
      Dilaté a 8 cm super bien parti et tout s accélère car le bébé en grosse soufrence et on paSse au bloque. Je criais et tremblais, en moin de 5 min ils m ont sorti cette petite fille pour qui je ne ressentait rien.
      Heureusement je connaissais très bien la sache femme qui m a calmé et m a proposé de ne pas la quitter. Les liens se sont créés petit à petit
      Aujourd’hui Masha a 2 mois et j apprends encore à l aimer
      Cette une petite fille formidable et magnifique mais je n ai pas du tout le même ressenti que la première
      Merci de votre témoignage
      Et je pense que pendant les cours de prepa on devrai nous en parler et avoir un suivi psychologique
      Bonne journée
      Merci
      Charlotte

  4. Très beau témoignage qui tombe à pique ce soir où mon fils de 4 ans est contre moi pour beaucoup de choses et ce soir mon accouchement par cesa en urgence est ressorti, comme s’il avait prédisposé pour la suite, tout ce que je trouve compliqué avec mon enfant. Je suis heureuse de lire que le deuxième accouchement a pu se faire autrement. Belle soirée

  5. Bonjour,
    Pour ma part j’ai eu une cesa en urgence aussi à 5 jours après terme.
    Ce que je garde c’est la peur que ca tourne mal et la peur d’en avoir une deuxième pour le second.
    Mais dans l’ensemble l’équipe de soin à fait en sorte que j’ai plutôt bien vécu ce moment.
    L’infirmier anesthésiste m a donné la main, j’avais la sensation que tout le monde dans la salle était avec moi. Et j’ai eu la chance de voir mon bébé assez vite avant d’être recousue. Après je savais que mon petit bout de serait avec son papa.
    Je vous comprends et je pense qu’on n’explique pas suffisamment ce qu’est une césarienne et les douleurs qui suivent… L après a été plus dur pour moi, la fatigue interminable et les douleurs.
    Un accouchement nous change à vie dans tous les cas.
    Je vous envoie de chaleureuses pensees.

  6. J ai vécu une césarienne en urgence sous anesthésie générale il y a bientôt 6 ans. Se réveiller, rencontrer son bebe dans une couveuse et intubé,plutôt traumatisant. Le pire dans tout ça c est que pendant ma césarienne ,mon mari était seul dans la chambre à ne pas savoir ce qu il se passait. Pour mon deuxième j ai vécu un bel accouchement certes trop médicalisé mais attraper mon bébé pour le sortir est un moment qui a été magique.

  7. Pour moi étant une gémellaire je m’y étais préparée mais ce n’est pas pour autant que j’ai bien vécu ça on vous refuse la présence de votre mari mais tous les internes de l’hosto sont là une panique à l’ouverture du sang partout bref puis cette ciactrice toujours douloureuse cinq ans après. ..

  8. après 17 mois,je n arrive encore pas à dire; »jai ACCOUCHé »et je ne le dirais peutetre jamais,beaucoup de souffrance et de moments volés,les premières secondes,minutes,heures,le peau à peau…..ne pas pouvoir porter bébé,bouger du lit,le mettre au sein,prendre une douche…….et entendre à chaque fois et toujours,que oui;l important;cest que bébé aille bien,mais peu comprenne,à quel point c est décevant ,culpabilisant….de ne pas avoir réussit…….

    • le déclenchement au propess et à l’ocytocine est un facteur de risque de rupture utérine donc déconseillé après une première cesarienne. cependant il y a quelques cas. c’est donc une décision à prendre avec le gyneco.
      ensuite il existe d’autres modes de déclenchement moins violents (balconnet, décollement des membranes)
      enfin, le ďepassement de terme peut être suivi de près jusqu’à j+13 si bébé va bien.
      ayant vécu une cesa traumatisante et un avac à j+13, je comprends votre recherche d’information sur le « possible » . si le coeur vous en dit, venez partager avec d’autres mamans sur le forum de http://www.cesarine.org

  9. Bonjour à tous. Votre histoire m’a beaucoup émue et mis les larmes aux yeux.
    Il y a 23 ans j’ai fais le choix d’accoucher naturellement et à un mois de la date, un dimanche vers midi, bébé a percé la poche des eaux.
    Echographie en urgence, et l’on m’annonce que ce sera un gros bébé, que du fait de mes 1m50 et un bassin étroit, si cela se passe mal je finirais « au bloc ».
    C’était une clinique privée, fortement conseillée par mon obstétricien, et leur anesthésiste de garde était à 50 km!
    Moi je me sentais si bien, si « prête » à l’accueillir que même les contractions me semblaient légères, alors que la sage femme les yeux sur le monitoring me disait » mais là vous avez mal quand même »!!
    Le papa était fou à l’idée de voir sa fille arriver en direct, l’instant était parfait.
    Puis l’anesthésiste arrive enfin, ils se mettent à s’engueuler entres eux à quelques mètres de moi, lui à dire qu’il est pressé qu’il était à un repas d’anniversaire etc…
    Le col s’ouvrait bien, la sage femme était rassurante et d’un coup on m’annonce qu’on ne va pas prendre de risque et qu’on va m’endormir pour une césarienne!
    Au préparation à l’accouchement on avait juste eu une phrase sur cela!!!
    Là c’était la fin du monde pour moi, la déception pour le papa à qui ils annoncent qu’il ne me suivra pas! J’ai eu la sensation d’abandonner mon bébé, c’était affreux ce ressenti!!
    Le réveil pas mieux car on l’avait mise en nurserie, et la nourrissait au biberon alors que j’avais tant insisté sur le fait que je souhaitais l’allaiter! Je n’ai vu mon bébé que vers minuit quand la sage femme de nuit est venue me demander si je souhaitais tenter de l’allaiter!!!! bref un séjour catastrophique en tout dans cette clinique où le service maternité a été fermé!
    Mon obstétricien a laissé sous entendre que c’était la solution la plus « confortable » pour eux!
    Le fait de l’allaiter jusque huit mois (elle a refusé le sein le jour de ses huit mois 😉 ) m’a permis de créer ce lien magique et le fortifier!
    Ma fille a aujourd’hui 23 ans, elle vient de se marier, a un super travail et vient d’acheter son terrain, la maison devrait être livrée fin 2017.
    Elle est pleine de projets, voyage beaucoup (nous habitons en Nouvelle Calédonie depuis 2011), la vie est belle très belle!!!
    Mais j’aurais tjrs en moi ce pincement au coeur, ce sentiment que l’on nous a volé notre première rencontre, que j’ai abandonné mon bébé aux premiers instants de sa vie sur terre…
    Les mamans qui ont à vivre une césarienne non préparée , d’urgence, parlez en à vos enfants, à des oreilles bienveillantes!!
    Pour moi ce n’est ps tant la césarienne mais la manière dont tout s’est enchaîné, le non accompagnement, le manque de bienveillance d’écoute qui ont gâché le plus beau jour de ma vie…
    Pleins de belles et bonnes choses à vous toutes, et à vos enfants.

  10. Je suis sage femme et maman de 2 enfants. Je comprends le bouleversement que cette naissance comme « arrachée » a pu causer. Nous avons besoin d’avoir oeuvré pour notre enfant, dès sa conception finalement! Il y a pourtant de multiples moment de notre vie de maman qui ne seront pas comblés, où qq chose nous aura échappé. Ca peut être une grossesse surprise, où le désir d’enfant n’aura pas été là, un accouchement par césarienne en urgence, un enfant adopté, une parentalité en garde alternée qui se passe mal. Oui nous mères n’auront pas oeuvrés à 100% pour cet enfant là. Mais il faudra lâcher prise, on ne peut pas tout contrôler, au risque de souffrir. Je parle en connaissance de cause! Je déplore dans votre vécu que l’équipe en charge de votre accouchement n’ait pas eu un mot d’explication ( ou non entendu?), car cela désamorce souvent, en un mot, une phrase, une main serrée tout le mal et la difficulté que vous avez ressenti par la suite pour vous sentir investie du rôle de mère qui a fait cet enfant. Merci de votre témoignage !

    • «  »Il y a pourtant de multiples moment de notre vie de maman qui ne seront pas comblés, où qq chose nous aura échappé. Ca peut être une grossesse surprise, où le désir d’enfant n’aura pas été là, un accouchement par césarienne en urgence, un enfant adopté, une parentalité en garde alternée qui se passe mal. Oui nous mères n’auront pas oeuvrés à 100% pour cet enfant là. Mais il faudra lâcher prise, on ne peut pas tout contrôler, au risque de souffrir. «  »

      C est magnifiquement expliqué.
      On souhaiterait que tout soit parfait… mais parfois c est bien different.
      Pour moi plus de 5 ans de PMA pour avoir mes 2 garçons…
      2 césariennes…
      La première semi urgente mais sans anesthésie et hémorragie donc très dur physiquement après. Mais psychologiquement mon petit etait là et allait bien donc heureuse.
      Pour le second PMA puis suivi en diagnostic antenatal, amniocentese… donc la césarienne je l ai choisie!
      Je voulais que les choses aillent vite et bien!

      Rien n a eté parfait et rien ne le sera jamais. Je n ai qu a regarder mes enfants pour me dire le contraire!!

      Celles qui en souffrent: PARLEZ EN!
      Je suis de tout coeur avec vous.

  11. Merci Stéphanie pour ce témoignage ! J’ai vécu une césarienne en urgence aussi. J’ai eu la chance que mon compagnon était à mes côtés dans le bloc. Mais après mon bébé est parti avec le papa. Et j’ai été séparée d’eux plus de 4 longues heures. Cette séparation m’a traumatisée, d’abord sans que je m’en rende compte, puis pendant longtemps. Un jour je raconterai aussi tout cela sur mon blog….
    L’association Cesarine avec son forum d’entraide m’a beaucoup aidée, une piste si cela peut aider certaines d’entre vous aussi !

  12. Il m’est arrivé quelque chose de similaire.
    La sage femme qui m’a suivie pendant ma grossesse est passée me voir quelques jours après. Voyant ma détresse elle est restée à parler pendant plus d’une heure. Cela m’a fait le plus grand bien.
    Il faut en effet en parler, ça finit par passer un peu.

  13. Bonjour, je lis vos mots (maux) mais qui résonnent un cran moins violent en moi. Oui j’ai une césarienne en urgence pour souffrance fœtale, mais apres 26 h de déclenchement et de longues attentes, tout se passe très vite mais le medecin et le personnel était très présents car la tension et mon envie de vomir ce n’étaient pas ca. Leurs mots pendant la césarienne étaient très réconfortants mais c’est vrai que la sensation émotionnelle apres reste la meme, sensation de vol d’enfant, vol d’accouchement, que l’on nous a apporté un enfant qui n’est pas le nôtre… etc, j’ai eu la chance de cicatriser tres bien, ne pas souffrir longtemps et d’avoir des professionnels à qui en parler souvent, sage femme, accupuncteur, et mon mari qui a été d’un grand secours car lui aussi cela lui a fait mal émotionnellement il n’a pu assister à rien il a eu peur, puis à pu faire le peau à peau et souffrait à chaque fois qu il voyait ma cicatrice. J’en parle toujours avec un petit noeud dans la gorge mais meme si je me refais le scénario je n’aurai rien pu faire pour l’éviter, tout était propice sauf mon enfant retenu à chaque contraction par son cordon 2 fois autour du coup et ca personne ne peut s’y attendre.
    Ce jour j’attends le 2 eme et malheureusement la position de l’enfant n’est pas propice à un AVAC, impossible de faire une version externe, danger pour l’enfant et la maman donc au loin se profile une seconde césarienne mais là se sera programmé, donc je m’y prépare psychologiquement.
    Certaines cellules existent de plus en plus dans les maternités pour parler de cette arrachement il faut juste en parler avec le gynécologue ou sage femme sans tabou. En fait on s’aperçoit que les pro de santé connaissent le problème mais les mamans parfois par crainte et par jugement renferme cette sensation étouffante. Parlez en il n’y a que cela qui fait évoluer le mal-etre.

  14. Bonjour et Merci.
    Merci d’écrire à ma place.
    En vous lisant, j’ai pleuré. J’en ai eu le souffle coupé. C’est exactement ça! Il y a des différences (mon mari avec moi, mon fils qu’on me ramène au bloc et 4h en salle de réveil) mais je me reconnais dans votre récit: tout qui bascule si vite, ce bébé qui pleure dans la pièce d’à côté, cet inconnu qu’on aime sans vraiment le reconnaître, cette sensation d’être juste un corps qui contient/contenait le bébé, ces gens qui nous disent que l’essentiel est que tout aille bien (j’entendais ça comme si on me disait « ben quoi, ton bébé n’est même pas mort, arrête de chouiner »), cette impression de naissance volée, ces moments qu’on a tant rêvés et qu’on aura jamais.
    Pour mon deuz, j’ai tant rêvé d’un AVAC. J’ai eu une césarienne. Ms grâce à l’haptonomie, je l’ai mieux vécue.

  15. Bonjour,
    J’ai vecu la même chose il a 4 ans et ca a faillit être repartie pour ma deuxieme grossesse ya deux mois, mais j’ai reussi a stopper les medecins avant qu’ils ne m’embarquent…souffrance foetal pour etre sur le dos simplement. Et j’ai finalement pu avoir mon accouchement vaginal. Pour me soigner du traumatisme ou de l' »accident » de mon premier accouchement, j’ai fait une scéance TIPI qui m’a réconcilié avec cette cicatrice..
    C’est dingue comme je me reconnait completement dans ce discours et cet article, merci de l’avoir écrit. Mais du coup ça me parrait dingue que si on est autant a vivre la meme chose, pourquoi le corps medical continu a nous traité comme des corps sans vie? Pourquoi ils ne posent pas la question? Qu’est ce qu’il pourrait etre fait pour que ca soit « moins pire »? Moi j’aurais aimé qu’on me laisse avec mon bébé, meme couvert de sang…mais avec lui. Je suis resté longtemps parano a me demandé, vu que je l’avais pas vu sortir, est ce que c’est vraiment lui, est ce que c’est le mien? Forcement les medecins, eux se disent qu’ils ont rempli leur mission, tout le monde est vivant…certes et merci…mais je pense que ya du progres a faire sur la partie psychologique…et a beaucoup de niveaux dans les structures medical en generales.
    Je vous conseil vivement d’ecouter cette conference, ce directeur de recherche du laboratoire de Harvard explique bien que c’est pas le taux de colesterol qui donne la « probabilité » de si les gens vivent mieux ou plus longtemps, c’est la connexion humaine. https://www.ted.com/talks/robert_waldinger_what_makes_a_good_life_lessons_from_the_longest_study_on_happiness
    M.

  16. Merci d’avoir su exprimer de façon très juste et réaliste ce que bcp de mamans ressentons. De mon coté j’ai appris la décision de césarienne 1 semaine avant la naissance de ma fille (bassin « limite »; siège dé complété; sem 37 fallait « éviter » le début de travail…). Malgré la bienveillance de l’équipe lors de la césa (je leur avais demandé de tout me dire/expliquer pour que je puisse en quelque sorte accompagner ma fille, ils l’ont fait, ils m’ont prévenu qu’elle souffrait qu’il fallait l’amener vite une fois dehors…) mais j’en ai bcp souffert de la cicatrice, du comment on en est arrivé là (projet naissance naturelle et sans péri aussi), aurais-je pu faire autrement… pareil bb en détresse respi je ne l’ai pas entendu pleurer on me l’a montré à 2 m en me disant qu’il fallait l’amener, 2h interminables en salle de réveil… la douleur, ne pas pouvoir me lever/porter… la bataille pour « réussir » l’allaitement… avec ma deuxième je rêve d’un AVAC et je me donne toutes les chances d’y arriver mais la peur plane…malgré tout nous sommes pleins d’espoir. Merci encore pour votre témoignage

  17. J’ai eu la chance d’avoir une sage femme qui m’a bien préparé pendant les cours d’accouchement et, ce qu’elle m’a dit était:  » ne faites pas de plans pour votre accouchement, sur ce qui va se passer et comment ça va se passer, parce ce que personne ne le sait, pas meme le médecin ni les infirmières mais, le plus important, ce n’est pas la façon dont ca se passera mais c’est que votre bébé aille bien »
    Effectivement on m’a fait une césarienne à terme et quand on m’a annoncé que je partais au bloc c’est à ce qu’elle m’avait dit, que je pensais.
    Peu importe mon ressenti ce n’était pas le plus important, c’est ainsi que je l’ai vécu et, finalement grâce à cela, je l’ai bien vécu, c’était ainsi, c’est tout.
    Si j’avais une deuxième grossesse je serai ainsi, dans le même état d’esprit.

  18. Bonsoir je suis tombé sur votre billet par le biais de Facebook et je n’ai pu m’empêcher de le lire malgré le fait que je sois un homme.

    Ma compagne a vécu cette expérience qu’est la césarienne. Il est vrai que les ressentis de chaque femme sont différents mais je reconnais dans votre récit, son discours, ses regrets, ses manques, cette impression d’être passée à côté d’un instant important avec notre fille.

    Pour ma part, me retrouver avec ce bébé, si petit, si fragile, dans les bras, dans le froid d’une salle d’hôpital m’a aussi effrayé.
    J’ai eu l’immense joie toutefois de profiter de cette rencontre tant désirée par ma compagne mais je n’y étais pas préparé.

    S’en est suivi une longue période de récupération pendant laquelle j’ai relayé tous les gestes de ma compagne lors des allaitement, câlins, endormissement… j’étais les bras, la peau, une extension de ma compagne.
    J’ai pris un congés de deux ans pour être présent auprès d’elles ensuite.
    Ces deux années ont été assez déséquilibrées car le lien qui me liait à notre fille était devenu très fort et ma compagne a eu du mal a trouver sa place.

    Aujourd’hui, notre relation est bien plus équilibrée.
    J’ai appris à redonner à ma compagne son espace, et elle a retrouver son rôle de mère.

    Oui, une césarienne n’a rien d’anodin. Non tout le monde ne va pas bien. La naissance d’un enfant est toujours un miracle et un merveilleux cadeaux mais qui ne doit pas taire une souffrance parfois réelle.

    Merci pour votre article, pour votre courage.
    Merci de me replonger dans des réflexions un peu oubliées alors que notre vie s’adoucie…même si notre petite a un sacré caractère 🙂

    Je ferai lire votre article à ma compagne, je pense que cela lui fera du bien. qu’elle se sentira moins seule, moins démunie.

    Je vous souhaite une vie heureuse.

  19. Bonjour je suis sage femme formée à la prise en charge émotionnelle des difficultés autour de la grossesse et la naissance Ariane Seccia. Je peux vous conseiller de lire « pour une naissance libre » d’Ariane Seccia, et pourquoi pas prendre RDV Avec une sage femme formée (a trouver en ligne). Ça aide enormement dans l’acceptation, et aussi pour revivre cette naissance de manière positive, et « réparer »… courage à toutes

  20. Merci à tous de vos témoignages, ils me touchent beaucoup pour la confiance que vous m’accordez à partager vos blessures ici. Je suis heureuse que ce texte permette aux mamans de se sentir moins seules, et moi aussi au passage… La relation se construit jour après jour. Bonne journée!

  21. Bonjour Stéphanie,
    Merci pour ton témoignage que je n’ai pas pu lire jusqu’au bout.
    J’ai vécu la même chose en différent en totale solitude (sans famille, compagnon près de moi à ce moment). Très très difficile moment pour moi et mon bébé.

    Nous allons bien.

    Bravo pour le courage d’en avoir parlé.

    Bonne journée,
    Murielle

  22. Bonjour, je lis vos témoignages avec beaucoup d’émotions. Je n’ai pas vécu de césarienne, mais je comprends tout à fait vos ressentis. Néanmoins le jour de la naissance de ma petite Jade j’aurai peut être préféré avoir une césarienne d’urgence…
    J’ai perdu les eaux à minuit le 1er septembre 2014. Lorsque je me suis rendue à la maternité la sage femme s’est rendu compte que Jade ne « regardait » pas dans la bonne direction, elle regardait vers le sol plutôt que vers le plafond, de plus sa tête ne touchait pas le col donc ce dernier ne s’ouvrait pas. Après un travail de 19h, des litres d’oxytocine pour faire ouvrir le col et divers tentative de faire tourner ma petite (à la main, en tournant son crane, ou en me faisant changer de position toutes les 10 minutes) rien n’y faisait.
    On m’a « donné 30minutes » pour que le col finisse de s’ouvrir et que Jade se tourne « par magie » sinon césarienne. J’étais triste, tellement triste car comme vous je voulais vraiment donner naissance par voie basse et assister à cette fabuleuse rencontre. Je ne me suis pas opposée à la césarienne dans le sens où j’étais déjà à bout de forces et que je ne voulais pas mettre ma fille en danger.
    La « magie » a opéré: passées les 30 minutes le col était ouvert et jade un peu mieux positionnée. d’après les médecins « ça allait le faire ». J’étais à la fois ravie et à la fois sceptique. L’accouchement par voie basse a donc commencé. Il a duré 46 minutes.
    Dont 40 min de poussées acharnées. Jade était à 7cm du col donc il fallait la pousser sur 7cm de plus.
    Quand on m’a annoncé « plus que deux poussées et c’est bon » j’étais aux anges car j’étais littéralement vidée de toutes mes forces. 1 poussée: la tête sort, 1 autre: rien. 1 autre: toujours rien. Dans le reflet de la lampe au dessus de moi je vois les cheveux de ma fille entre mes cuisses. Mais il ne se passe rien. Tout le monde s’affole. On hurle pour avoir du renfort. Ça court, ça s’empresse, ça panique. Je panique. Jade est coincée, cela fait longtemps maintenant, elle ne pleure pas. Deux infirmières me sautent dessus, une s’assoit en califourchon sur mon ventre et pousse Jade de l’extérieur, l’autre me tambourine comme un puntchingball. Je suis choquée mais tellement concentrée sur mes poussées et paniquée que je n’y prête même pas attention. On appelle plus de renfort, on hurle pour du renfort. Mon homme vascille. Je pousse à m’en faire exploser tous les vaisseaux sanguins de mon cou, visage et poitrine. Je hurle et pleure comme jamais. On me coupe, on va la débloquer l’épaule de Jade à la main, et enfin elle sort. L’infirmière me la montre le temps d’une seconde mais son regard est éteint. Je la crois morte. Ils l’emmènent et tout d’un coup c’est le calme absolu. La pièce se vide d’uns seul coup. Des 8 personnes présentes il n’en reste que 2: l’obstétricienne et mon homme. Personne ne parle. au bout de quelques minutes j’entends un bébé pleurer. Est ce elle? Oui. On me l’amène enfin. Elle va bien , elle ne risque juste quelques lésions de l’épaule et omoplates, mais elle est en vie, et moi aussi. Si vous saviez comme je m’en veux de ne pas avoir imposer la césarienne d’urgence! Comme j’en veux aux médecins de ne pas avoir pris la bonne décision! Pourtant elle va bien. Moi aussi « techniquement ». mentalement c’est autre chose. J’ai pleuré cet accouchement pendant de longs mois, et il me traumatise toujours aujourd’hui.
    Aujourd’hui Jade a 2ans et demi. Aujourd’hui j’aimerai lui offrir un petit frère ou une petite soeur. Mais la phobie de revivre un accouchement comme cela me guette. J’ai demandé à faire une radio du bassin. Mon bassin est 2cm plus petit que la moyenne. Le problème venait donc de moi, de mon corps. Pour sur je demanderai une césarienne d’office pour mon deuxième. Meme si je suis consciente que la rencontre n’est pas la même. Ça sera par choix, donc bien différent de ce que vous avez toutes subit.
    La dystocie de l’épaule touche une naissance sur 1000 et pourtant personne ne nous en parle, ou du moins moi personne ne m’en avait parlé! Pourtant j’ai suivi les cours de préparation et lu beaucoup de livres sur l’accouchement en général.
    Un suivi psychologique pris en charge après ça? évidemment non .
    Un suivi pour vérifier l’épaule de Jade? non plus (du moins pris en charge ou suggéré par la maternité), nous avons (de notre côté ) fait vérifié.
    Alors oui je me console en me disant qu’elle va bien, son épaule aussi d’ailleurs, mais je reste en colère contre moi même et l’équipe qui m’a fait accoucher et les médecins qui ne prescrivent pas d’OFFICE une radio pelvienne. Ca devrait être obligatoire, même pour les femmes de plus d’un mètre 50.

    Bref désolée je m’éloigne du sujet de basse mais j’ai ressenti le besoin d’écrire. Et ça fait du bien d’extérioriser un peu.

    (je ne relis pas mon texte car me connaissant je vais vouloir le reformuler, voir tout effacer, donc désolée pour les fautes et la syntaxe. )

    Belle journée à vous et merci pour votre partage si touchant.

    Lucie

    • Oh Lucie quel témoignage poignant. Bravo pour avoir poussé coute que coute, c’est exactement ce qu’il fallait faire. Je suis sage femme et je peux vous dire que l’équipe a du avoir très très peur pour votre enfant. Qu’apparemment vous et l’équipe avez fait ce qu’il a fallu pour faire naitre votre bout de chou. La dystocie des épaules est une urgence absolue qu’il faut régler en qq minutes et tt le monde a participé à la prise en charge, vous comprise.
      Après il faut digérer cette urgence vitale qui est un choc très fort. En parler, vider son sac, à des gens competents, pour pouvoir vivre avec. Oui bien dur, demander une césarienne pour une prochaine naissance, qui sera surement proposée par l’équipe. Pas de regret sur la radio du bassin, elle n’est pas automatique. Sinon on ferait trop de césarienne. La tete des bb s’adapte au bassin de leur maman. Trop de césarienne égale trop de risque peroperatoire. Dites moi juste si vous aviez un diabète gestationnel?

  23. Bonjour, j’ai eu un accouchement pour mon premier traumatisant . J’ai fait une hémorragie presque totale (passe 3 l de sang perdu) et suis partie dans le coma. Me suis réveillée 2 jours plus tard, dans un autre hôpital et sous haute dose de morphine. On m’a transféré mon bout de chou et direct mis au sein! J’avais encore du lait malgré tout ça. C’est grâce à ça que nous avons eu notre lien. J’ai attendu 3 mois pour pouvoir m’occuper physiquement de mon enfant et 2 ans pour récupérer entièrement de ce traumatisme. Psychiquenent, gravé a vie ! Pour ma 2 eme grossesse qui est arrivée 5 ans après , j’ai su vers 3 mois et je n’y croyais pas , je ne me sentais pas enceinte et d’ailleurs mon ventre n’est sorti que à 6 mois. Ayant été encore traumatisé par mon premier accouchement ou j’ai failli y passer, mon corps ne voulait pas repasser par là et ma tête ne me laisser pas du tout me réjouir de cette grossesse . Dans le déni et la peur jusqu’au dernier jour , j’ai vécu un accouchement tout contraire au premier . C’était parfait et j’ai pu me réconcilier enfin avec mon corps !!!!

  24. Bonjour, j’ai eu un accouchement pour mon premier traumatisant . J’ai fait une hémorragie presque totale (passe 3 l de sang perdu) et suis partie dans le coma. Me suis réveillée 2 jours plus tard, dans un autre hôpital et sous haute dose de morphine. On m’a transféré mon bout de chou et direct mis au sein! J’avais encore du lait malgré tout ça. C’est grâce à ça que nous avons eu notre lien. J’ai attendu 3 mois pour pouvoir m’occuper physiquement de mon enfant et 2 ans pour récupérer entièrement de ce traumatisme. Psychiquenent, gravé a vie ! Pour ma 2 eme grossesse qui est arrivée 5 ans après , j’ai su vers 3 mois et je n’y croyais pas , je ne me sentais pas enceinte et d’ailleurs mon ventre n’est sorti que à 6 mois. Ayant été encore traumatisé par mon premier accouchement ou j’ai failli y passer, mon corps ne voulait pas repasser par là et ma tête ne me laisser pas du tout me réjouir de cette grossesse . Dans le déni et la peur jusqu’au dernier jour , j’ai vécu un accouchement tout contraire au premier . C’était parfait et j’ai pu me réconcilier enfin avec mon corps !!!!

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